AUTREMENT
L’heure de la séparation a sonné, et Jésus prépare ses disciples au deuil de sa présence pleine et charnelle. Le temps du « où demeures-tu ? » et du « venez et voyez » (Cf. Jn 1,38-39) est révolu, et le départ de Jésus se fait imminent.
Jésus, alors, invite ses compagnons à aller plus loin, jusqu’au non-voir, c’est-à-dire à croire en lui, à se risquer sur un chemin de foi. S’ils croient en Dieu le Père, qu’ils croient aussi en lui, le Fils et l’Envoyé, puisque le Fils est dans le Père et que le Père est en lui, et que ces deux-là ne sont qu’UN.
Les différentes « demeures » du Père (v.2) renvoient à la diversité des hommes et de leurs expériences, ainsi qu’au « demeurer » johannique, surtout présent dans le discours du Pain de Vie (v.6,56). Ce lieu n’est pas matériel, il n’est ni de bois ni de pierre, mais il est communion et présence à l’infiniment Présent. Si les disciples mangent la chair et boivent le sang du Fils de l’homme, ils auront la vie en eux.
C’est l’assimilation à Dieu, par la foi, qui crée ce lieu de repos et de paix où les cœurs ne sont plus bouleversés car ils reposent désormais dans la plénitude de Dieu.
De cette relation ou état « être avec », Jésus n’est pas inactif, il n’abandonne pas mais s’en va préparer des places. Il parle de départ, de retour pour prendre avec lui les croyants. L’abandon de ceux-ci à une parole, à une promesse fait aussi parti du chemin de foi qui est dessaisissement pour une confiance totale en un autre et sur la vie d’un autre.
C’est pourquoi Jésus semble s’impatienter de la question de Thomas qui semble trop humaine : « Où va le Fils ? » et « Où est le chemin ? » (v.5). Car ce lieu, c’est lui ; ce chemin c’est lui !
Jésus le Christ retourne vers son Père pour lui ramener tous ses enfants dispersés. Il est aussi cette Maison commune du Ciel, cet amour aspirant de la Sainte Trinité.
« Ô mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à Vous comme une proie. Ensevelissez-Vous en moi pour que je m’ensevelisse en Vous, en attendant d’aller contempler en Votre lumière l’abîme de Vos grandeurs. » (Sainte Élisabeth de la Trinité).
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