Jésus vient de dire qu’Il est le chemin vers le Père. C’est bien le Père qui est au centre. Le texte d’aujourd’hui est saturé de son nom : il revient 11 fois en l’espace de 8 versets ! S’Il est Celui vers qui se porte tout le désir du Fils, comment ne pas comprendre alors l’intervention de Philippe : Montre-nous le Père ! Toute la vie du croyant qu’il est désire le voir, comme tant de croyants de toutes les époques désirent « voir Dieu » ! Aurions-nous répondu à l’appel de la vie contemplative sans cette soif incommensurable ? Aurions-nous quitté certaines tranquillités sans la conviction plus ou moins clairement formulée : il est vivant, c’est bien dans la chair que nous contemplerons Dieu ! Oui, nous ! Nos yeux le verront et il ne sera pas étranger. (Cf. 1 Rois 17,1 et Job 19, 25-27).
Pour voir Celui que notre cœur veut aimer de toute façon, il est cependant une condition absolument indispensable : croire ! mais n’y a-t-il pas contradiction entre voir et croire ? Pour voir vraiment, il faut cet indispensable lâcher-prise du ‘vouloir saisir’ que peut être le regard, il faut cette confiance totale en la parole de Celui qui nous met en route vers Celui qu’il ne cesse d’appeler son Père et notre Père. Et nous n’avons que sa parole. Jésus, nous ne le voyons pas de nos yeux de chair, sauf à le reconnaître, comme il nous l’a dit, « dans le plus petit d’entre-nous ». Alors, peu à peu, nous comprendrons qu’il n’y a rien ni personne à saisir, qu’il faut seulement se laisser emporter dans et par le mouvement, la relation qui unit l’Aimé et son Père. Elle est si forte, si puissante et en même temps si douce cette relation qu’elle porte un nom que nous pouvons murmurer sans fin et l’appeler sans réserve aucune : Esprit. Oui, viens père des pauvres. Puisque tu es aussi en moi, en nous, fais-nous entrer dans la danse de l’amour qui se donne et se reçoit. Alors ce sera la gloire du Père d’accomplir ce que nous aurons demandé au nom du Fils, de faire, en lui, des œuvres toujours plus grandes.
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