Pour évoquer la fécondité de nos vies en Christ, Jésus ne choisit pas n’importe quelle image.
Il ne prend pas celle des fourmis qui peuvent porter jusqu’à mille fois leur poids sans se rompre le cou, de quoi assurer un labeur efficace. Jésus opte pour une image qui dit un lien fort d’interdépendance entre l’homme et Dieu, entre le Père et le Fils. Cette image est tirée de l’environnement qu’il côtoie, celle de la vigne, qui de surcroît, est bibliquement symbole de l’amour de Dieu pour son peuple (Is 5, 1-7).
« C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit et deveniez mes disciples » (Jn 15, 8). Et si l’on était disciple non en raison des fruits produits et leur quantité, mais par cet art de la passivité active, « un laisser-faire » à travers nous, en vue d’un « fruit qui demeure » (v 16) car il est le nôtre sans l’être ?
« En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (v 5) nous dit Jésus. N’est-ce pas excessif, alors que, regardant autour de nous, nous découvrons parfois de grandes réalisations humaines qui ne se revendiquent pas d’un lien au Christ ? Certes. Mais cette parole de Jésus s’adresse à ses disciples les plus proches dans le contexte d’un dernier repas avec eux, « avant la fête de la Pâque, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers son père » (Jn 13, 1). Testament du Fils donc, à des disciples toujours en devenir. Et pour dire le lien qui l’unit aux siens, Jésus recourt à l’image de la vigne et des sarments. Quelle force dans cette image !
Sans sève, le sarment meurt sans porter de fruit ! Mais la sève reçue est don de vie, don de Sa vie pour nous, en nous, entre nous.
Sans taille et émondement, pas de vigne généreuse. Mais c’est au Père qu’il revient de tailler et émonder, et la vigne s’y prête… Ce qui donne fécondité à nos vies de disciples passe par une « taille » qui affecte le Fils en même temps que nous.
Il nous revient de demeurer en Lui. Le mot est repris huit fois en ces huit versets ! « Demeurez-en moi, comme moi en vous » (v4). « Demeurer en moi » …. Nous y tendons, sans doute, de toutes nos forces, chacun selon son charisme. Mais le mouvement est double : « Comme moi en vous » …. Portée infinie de cette parole ! Le Fils demeure en moi, en toi, en tout homme ? « Tu me devances et me poursuis, tu m’enserres, tu as mis la main sur moi. Savoir prodigieux qui me dépasse, hauteur que je ne puis atteindre ! » (Ps 138, 5).
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