La parabole du grain de blé dit bien une traversée, le renversement radical de notre conception de la gloire qui brille et surélève à notre condition de disciple de Jésus. Le mouvement de cette traversée épouse celui du grain : telle est la descente silencieuse du cœur pauvre qui sait bien ne rien posséder. « Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde, la gardera ».
Ce consentement à la perte s’ouvre sur un dénouement et permet à tout disciple de l’Evangile de s’engager dans un lien de fidélité à soi-même et à autrui.
Perdre : sortir de soi au point d’être rendu capable de déposer librement sa vie entre les mains d’un Autre et de la recevoir comme neuve…
Perdre : entrer dans la vulnérabilité, autre nom du dénuement, expérimenter, de manière anticipée, le passage par la mort, être libéré de la peur, de toute peur… Perdre : mais joyeusement, goûter et contempler la face lumineuse des choses, des autres, de sa propre existence…
Et dans cette perte assumée, sans morosité ni nostalgie, laisser la joie de Dieu à se donner sans limite, s’imprimer en nous :
« Si désormais
Nul ne peut me voir, ni me trouver,
Dites que je me suis perdue ;
Que, marchant prise d’amour,
Je me suis faite perdante et fus gagnée. »
(Jean de la Croix, Cantique spirituel B, 29)
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