Sur leur route avec Jésus, les apôtres font l’expérience de la séparation, du deuil et de la tristesse. Il leur faudra consentir à ne plus voir avec leurs yeux de chair, celui qu’ils aiment. Et Jésus n’esquive en rien cette étape : « Vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira » (v 20). Le Maître « n’est plus », et de surcroît, le monde n’est pas au diapason de cette tristesse.
C’est là une traversée, un saut dans la foi, car, si l’aube de Pâque est toute proche (« Vous serez triste mais votre tristesse se changera en joie » v 20), il faut « passer ». Mais ce passage est Pascal, car promis à une belle fécondité : « La femme, sur le point d’accoucher, s’attriste parce que son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus des douleurs, dans la joie qu’un homme soit venu au monde. Vous aussi, maintenant vous voilà tristes ; mais je vous verrai de nouveau et votre coeur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (v 21-22).
Quelle est donc la source de cette joie « imprenable » promise aux apôtres (v 22) ?
Celle de re-voir leur Seigneur ? Non, infiniment plus…. Car Jésus ne dit pas « Vous me verrez de nouveau » mais « Je vous verrez de nouveau » ! Il y a là un renversement de perspective et un élargissement inouï, car si le désir de « voir Dieu » habite le cœur de l’homme (Exode 33, 18), le désir de Dieu lui-même nous précède toujours. En Christ, Dieu rejoint l’homme qui ne peut se sauver par lui-même. Le peuple de l’Alliance l’a perçu, et cette conscience a nourri l’espérance prophétique :« Comme la femme enceinte à l’heure de l’enfantement souffre et crie dans ses douleurs, ainsi étions-nous devant ta face, Seigneur. Nous avons conçu, nous avons souffert, mais c’était pour enfanter du vent : nous n’avons pas donné le salut à la terre » (Isaïe 26, 17-18).
Notre joie, nul ne pourra nous la ravir.
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MAINTENANT, VOUS ÊTES DANS LA PEINE, MAIS JE VOUS REVERRAI, ET VOTRE CŒUR SE REJOUIRA ; ET VOTRE JOIE, PERSONNE NE VOUS L’ENLEVERA (Jn 16, 20-23a). Si la nuit nous prépare à affronter le jour, afin de vivre dans la lumière, nous n’avons donc plus à nous lamenter quand les ténèbres semblent nous submerger. Chaque évènement annonce toujours son contraire : la nuit annonce le jour, la désolation prépare à la consolation, la tristesse est une préfiguration de la joie plus grande à venir. Ainsi, la vie devient un cycle, où les choses changent, mais en nous faisant croître en sagesse et intelligence. Et s’il y a un temps pour tout – un temps pour rire, un temps pour pleurer, un temps pour travailler, un temps pour se reposer, un temps de solitude, un temps pour agir, etc. – c’est pour que l’Homme apprenne aussi à tirer les leçons de chaque épisode de sa vie. Et lorsque nous vivons chaque temps dans la confiance en DIEU, avec la conscience que le meilleur est toujours à venir, alors, nous persévérons avec plus de sérénité. L’attente pouvant sembler longue, nous maintient cependant dans la confiance et l’espérance. Ainsi, vivre chaque situation en DIEU, c’est vivre dans l’espérance, c’est-à-dire combattre la paresse et le découragement, l’incrédulité et l’impatience. Car, celui qui persévére, sait aussi travailler avec engagement ; celui qui sait espérer, sait aussi vivre dans la foi, et celui qui sait aimer, est aussi capable de rencontrer DIEU, dans la mesure où IL est amour. Lorsque DIEU nous visite, IL change toute chose en nous. Le cœur se réjouit de la présence de DIEU ; et cette joie ne peut être ni surpassée, ni enlevée, encore moins arrachée de nos cœurs. Entre la tristesse et la joie de l’Homme, entre sa peine, sa désolation et sa consolation, entre les moments de doute et la pleine confiance en soi, il y a le passage de DIEU. Et la joie qu’IL apporte est si grande, qu’elle nous fait oublier toutes les tristesses subies. Mais, cette joie retrouvée après l’intervention de DIEU dans notre vie, n’est en réalité que la joie originelle déjà semée en nos cœurs depuis toujours, mais qui parfois se cache dans des tensions inutiles, est étouffée par des conflits d’intérêts, des guerres de pouvoir. Malheureusement, rien de ce qui est matériel, est éternel. Tout se dégrade avec le temps, et seule la foi peut résister à ces diverses intempéries et orages qui empêchent à l’homme d’avancer dans son travail. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
VOUS ALLEZ PLEURER ET VOUS LAMENTER, TANDIS QUE LE MONDE SE REJOUIRA ; VOUS SEREZ DANS LA PEINE, MAIS VOTRE PEINE SE CHANGERA EN JOIE (Jn 16, 16-20). Le temps de DIEU n’est pas le nôtre, tout comme notre temps n’est pas le sien. IL fait toute chose en son temps. Parfois nous prions, supplions, mais nos vœux ne sont pas exaucés ; nous attendons, et rien n’arrive ; nous espérons, et rien ne se produit. Des échecs qui peuvent mettre en mal notre espérance, ainsi que le doute dans notre foi. Le doute commence là où l’Homme ne perçoit plus avec clarté l’horizon, pour ses projets, ses prières et ses attentes. Des prières non exaucées, nous font penser tout de suite au silence ou à l’absence de DIEU. Et du silence, viennent les lamentations. Et tandis que nous nous lamentons à cause des prières non exaucées, certains se réjouissent, donnant raison à leur incrédulité et leur indifférence face à tout ce qui regarde la foi et la confiance en DIEU. Or, le silence n’est pas oubli ; car, DIEU tient toujours ses promesses. Sa puissance se déploie là où nos forces trouvent leurs limites. Toutefois, la foi reste un stimulant et la persévérance dans la prière ainsi que dans le travail, sont le signe que l’Homme qui attend tout de DIEU, n’ignore pas cependant les pouvoirs humains dont il dispose. Il prie et travaille, même quand tout va mal. C’est pourquoi, nos lamentations ne doivent pas empêcher l’effort du travail et la confiance en soi. Car, si ce ne sont pas ces efforts humains qui sont récompensés, c’est notre persévérance dans la prière qui trouvera grâce devant DIEU. Pour ceux qui se réjouissent de l’échec des autres, la vie n’est pas une éternelle nuit ; les ténèbres peuvent couvrir la terre, mais ne le feront pas éternellement : « vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie ». Du moment où la persévérance dans l’effort est récompensée par la grâce divine, notre action de grâce, ainsi que notre croissance dans la foi, deviennent des témoignages de vie, pour ceux qui nous entourent. Lorsque la tristesse est vaincue par la joie, la haine par l’amour, la mort par la résurrection, les larmes et lamentations par les rires, la foi aussi grandit et se fortifie. Et ce que DIEU sème dans nos cœurs, est appelé à briller, quelque soit le temps et la durée d’attente. D’ailleurs, avec DIEU, une réussite, un succès venant de LUI, efface les douleurs et les souffrances de plusieurs années. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua