Cet extrait de l’évangile de Jean nous interpelle profondément. Allons-nous vraiment nous réjouir de l’absence d’un ami si cher ? Où est donc l’intérêt dont parle Jésus ? Certes, il nous a donné en héritage l’essentiel de la révélation : en lui, Dieu nous a aimé jusqu’à l’extrême de ce qu’Il est de ce que nous sommes. Seul l’Esprit peut nous introduire, jour après jour, dans la plénitude de ce trop grand amour.
Mais pour accueillir cette réalité, cette vérité, il faut que nous soyons précisément en vérité avec nous-mêmes, que nous vivions en grande humilité dans la lumière du ressuscité. Seul l’Esprit peut opérer ce travail et être l’artisan de notre témoignage, de la présence, par nous, de Dieu au cœur du monde. Et c’est précisément pour que l’Esprit nous soit pleinement donné qu’il faut que Jésus s’en aille, qu’il fasse comme un pas de côté, pour que son Esprit soit pleinement libéré, qu’il puisse nous rejoindre et opérer son œuvre en nous. Et quand l’Esprit travaille, c’est tout sauf une joie exubérante. Nous passons au feu du creuset et nous prenons conscience de l’infini décalage entre nos pensées trop étroites, toujours enfermées en nous et égoïstement pour nous, et les pensées de Dieu.
Accepter l’Esprit en nous, c’est se renoncer, se laisser « raboter », discerner ce en quoi nous sommes compromis avec « le monde » tel que l’évoque saint Jean. Oserons-nous prier avec Élisabeth de la Trinité : « Brise, brûle, arrache tout ce qui te déplaît en moi » ? C’est pour une joie sans mesure. Il n’est qu’à tenter, accueillir, consentir, prendre le risque de cette divine et brûlante expérience.
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