« Mais quand celui-ci viendra, le Souffle de Vérité entière… » trad. Chouraqui
« Jean, tu es devenu un grand pauvre. Toi qui parlais, tu ne pouvais plus parler, tu ne pouvais plus manger, tu ne pouvais plus marcher, mais tu parlais avec tes mains, tes longues mains, fines, si belles… Et à la fin tu n’avais plus d’énergie et il n’y avait plus que ton souffle, toute ton énergie était dans ton souffle. Et on était les proches autour de toi à l’hôpital, et nous nous sommes mis dans ton souffle, nous avons écouté ton souffle ; il n’y avait plus que ça en toi, ton dernier souffle. Nous nous mettons maintenant dans ton souffle pour continuer à souffler comme toi à travers le monde, pour chacun, chacune, tous ceux que nous rencontrons, pour aller à la rencontre… » (1)
N’y a-t-il pas ici une parenté avec la Parole de Jésus en ce jour ? Demain nous ferons mémoire de son « départ », de son Elévation dans la gloire du Père. Impossible de mettre de l’ordre sur la ligne du temps : tout est présent. Nous sommes dans le Temps Pascal, nous célébrons l’Ascension, et tout ce temps nous méditons le « Testament » du Maître, là, juste avant « l’Heure ».
C’est Lui qui traverse la mort, mais les disciples qui ne vivent plus ! Aucun retour sur Lui-même pourtant.
Ses entrailles de miséricorde rejoignant ses « amis », ses « petits enfants », prennent en pitié leur fragilité, leur incompréhension, leur inaptitude, sachant qu’ils sont bouleversés et ne peuvent « maintenant porter bien des choses qu’Il a encore à leur dire ». Nous pourrions, à la manière de Thérèse de l’Enfant Jésus en sa nuit, faire mémoire de ces mêmes délicatesses du Seigneur en nos propres vies. (2) Il connaît les temps et les moments, nous n’avons rien à craindre.
Rien à craindre, car sur les disciples « à bout de souffle » ce soir là, Jésus souffle en promesse son « Souffle de Vérité ». Non des vérités à croire, mais La Vérité à vivre : Lui-même, Chemin, Vérité et Vie.
« Entendre et dire, recevoir et annoncer » à tout humain ouvert à la Parole, l’indicible « communauté de biens » (V.15) du Père et du Fils, telle est l’œuvre de l’Esprit et l’Esprit à l’œuvre. Livrant par Amour sa vie d’homme jusqu’au dernier souffle, Jésus nous donne de « respirer Dieu en Dieu ».
« Si tu savais le Don de Dieu » ?! (Jn 4)
Combien nos vies, celle de l’Eglise, en seraient transfigurées !
Tendons la voile de notre vie, de notre désir, de notre volonté, au Souffle de l’Esprit de Vérité.
Devenons d’autres Christ pour notre monde « ballotté à tous vents de doctrine »… !
« Nous nous mettons maintenant dans ton souffle pour continuer à souffler comme toi à travers le monde, pour chacun, chacune, tous ceux que nous rencontrons, pour aller à la rencontre… » (1)
(1) Témoignage lors des funérailles de Jean Vanier à Trolly Brueil le 16 mai 019
(2) Manuscrit A § 45-46
Un commentaire