A sa source, la prière naît toujours d’une joie. Puis elle traverse bien des périodes d’attente souvent frustrante, avant d’être exaucée autrement et presque toujours au-delà de ce que nous aurions espéré.
La prière de Jésus a dû emprunter le même chemin. A l’évidence, elle naît aussi d’une joie profonde. Elle n’était sans doute que la projection en paroles humaines du dialogue d’amour qui a lieu entre le Père et son Fils, de toujours à toujours. Ne rappelle-t-il pas à son Père : « La gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde ne fût » ? Ma gloire ? mon être d’amour qui n’attend qu’à se donner, à être reçu et partagé.
Pour Jésus, la prière se célèbre entre deux joies, celle qu’il a connue « auprès de toi, Père, avant que le monde existe », et celle que, en tant qu’homme, il doit maintenant reconquérir pour lui-même, et pour tous ceux qui marcheront à sa suite. Entre ces deux joies, sa prière sera mise à l’épreuve. Il y aura les cris, les larmes, le sentiment d’abandon. Quand l’Heure est là et que tout est sur le point de s’accomplir, Jésus intercède encore, pour lui-même et pour les autres.
Toute prière évolue entre deux joies : une première joie dont on se souvient avec une infinie gratitude, et une autre joie promise et assurée par Jésus en personne, mais, pour le moment, seulement pressentie.
Depuis notre baptême, nous portons la prière au plus profond de notre cœur : c’est l’Esprit qui ne cesse d’intercéder pour nous et pour la création entière. De temps en temps, elle affleure à la conscience, et nous sommes alors heureux de pouvoir nous laisser saisir par elle, pour un moment. Mais la plupart du temps, elle demeure cachée à nos sens intérieurs. Elle est cependant là et même, elle ne cesse de mûrir et de grandir en nous. Elle en devient même irrésistible, pour que nous ne l’étouffions pas par une vie dissipée.[1]
[1] Inspiré d’un commentaire d’A. Louf
Un commentaire
La prière, même dans une terre aride, donne son fruit en temps et lieu.