« Le poids de toute une vie »
Une longue prière de Jésus adressée au Père, embrassant tous les temps (celui d’avant la fondation du monde jusqu’à l’avenir de ceux qui croiront) et tout l’espace (du ciel à la terre) : Jésus en est le lien et le liant. Il y est question de gloire.
La gloire du Père est donnée à son Fils (v.22) et la gloire du Fils est donnée en partage aux disciples (v.24) pour qu’ils la contemplent et, aussi, qu’ils la partagent, car là où est le Fils —assis à la droite du Père (dans la gloire), les croyants y seront aussi.
Mais, ne nous y trompons pas : il n’y a ni gloriole, ni fioritures dans la gloire reçue par lui et demandée pour ses disciples, seul compte le « poids » de sa sainteté.
La gloire de Dieu c’est le poids de toute sa vie (littéralement de l’hébreu kabôd « être lourd »). La gloire du Fils c’est le poids de ses souffrances devant l’aveuglement des hommes et la perdition des foules sans berger, c’est le poids de toute sa Passion, de toute sa vie offerte, de son cœur transpercé.
C’est à ce niveau de douleurs, de compassion et d’offrande que sa lumière puise toute sa densité et sa profondeur.
Avoir part à la gloire de Dieu, ce n’est rien d’autre que de coller (même désespérément et dans les larmes) à notre humanité de glaise. Seule la prière du Christ nous espère et appelle sur nous le Souffle qui soulève et qui élèvera.
« Le Verbe s’est fait chair et nous avons vu sa gloire, (…) cette gloire que le Fils unique tient du Père » (Jean 1, 14). Saint Jean veut faire comprendre que la venue dans la condition humaine du Fils de Dieu est la manifestation par excellence de Dieu, qui met tout le « poids » de son Amour pour ouvrir aux êtres humains le chemin du salut et leur offrir le partage de sa vie intime. Jésus étant la manifestation de la gloire, cela signifie que Dieu va agir avec puissance à travers ses paroles et ses actes. Il incombe cependant aux êtres humains de le discerner et d’être ainsi conduits à l’acte de croire que Jésus est le Fils de Dieu et, croyant en lui, d’obtenir la vie éternelle. (P. Yves Guillemette).
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