« Voici l’homme » dit Pilate en amenant aux Juifs Jésus affublé d’une couronne d’épines et du manteau de pourpre … Jésus ressemble cruellement au serviteur d’Isaïe : il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme. Méprisé, abandonné de tous, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne. Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche …
Ces mots de Pilate sont une prophétie ! Et qui a rencontré des êtres défigurés par un accident, par l’alcool, la drogue ou la dureté de la vie … en est convaincu !
La contemplation du Christ défiguré me rappelle que la souffrance, aussi terrible soit-elle n’enlève jamais l’humanité de celui qui aime ou de celui qui ne peut plus rien hormis se laisser aimer.
Dieu, prenant la condition de l’homme jusque dans la souffrance et la mort en apparence inhumaines, aima les siens jusqu’à l’extrême. Il nous révèle ainsi que la véritable identité de l’homme créé à l’image de Dieu n’est ni dans la beauté, ni dans la réussite, ni dans l’apparence humaine, ni dans les talents … mais seulement dans l’amour donné et reçu jusqu’à l’extrême.
Cela, je l’ai compris avec les jeunes traumatisés crâniens, dans le coma : lorsqu’il n’y a plus d’expression sur le visage, plus de réponse, de présence, voire de « figure humaine », l’autre que je soigne existe comme homme et reste beau tant qu’il est aimé.
Dans le Christ défiguré, présenté à la foule, c’est l’homme, tout l’homme et tout homme, quelle que soit sa condition, quel que soit son chemin, quelle que soit sa vie, …
C’est tout homme qui se dresse, debout, relevé et sauvé par l’amour donné sans condition !
Osons aimer Jésus sur la Croix et apprenons de lui que l’amour seul traverse l’épreuve de la souffrance et de la mort. Aimons chaque visage rencontré tant que nous le pouvons, et au jour où notre visage sera celui de la souffrance, laissons-nous aimer jusqu’à l’extrême.
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