MON SERVITEUR RÉUSSIRA

 La longue liturgie de la Croix nous accule au mur de la souffrance et de la mort injuste, et c’est sur une ligne de crête que nous contemplons l’infamie et la spirale de la condamnation par la haine et l’inconnaissance de certains hommes.
Nous voici rendus à l’essentiel et ce point de bascule qui nous fera fuir ou alors oser un chemin de foi. Ce chemin de foi, c’est regarder la vie et rester coller à elle, jusqu’au bout.
Le Christ en saint Jean reste, au jardin Gethsémani, celui qui sait, celui qui est, celui qui mène, celui qui se laisse faire.
Chez Hanne, il est celui qui enseigne et qui répond.
Chez Caïphe, il est celui qui pardonne à Pierre par le chant du coq, même éloigné dans le temps et l’espace.
Au prétoire, devant Pilate, il est roi d’un Royaume qui n’est pas de ce monde, il est la Vérité. Il est aussi l’innocent que Pilate cherche à épargner. Il reste roi des Juifs même sous les humiliations du fouet, du manteau de pourpre et de la couronne d’épines. Il est « l’homme », il est Fils de Dieu.
À la croix, il est « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ». Il est celui qui en donnant ses vêtement accomplit les Écritures.
Il est le fils qui donne une nouvelle descendance à Marie, le frère du disciple bien-aimé.
Crucifié, il est celui qui dit sa soif d’eau et de salut pour nous. Il est aussi celui qui se donne jusqu’au bout en disant « tout est accompli ».
Il est celui qui continue d’agir et d’être totalement présent ; chacun de ses geste compte, prend sens  : il incline la tête, remet son esprit.
Même dans sa mort, il se donne en laissant couler le sang et l’eau de son côté.
Même mort, il est celui dont Joseph et Nicodème prennent soin.
Parce qu’il est déposé dans un tombeau tout neuf, il est au bord d’un commencement, et ce jusqu’à la préparation de la Pâque juive qui tient aussi lieu de promesse d’une libération prochaine.
Il est le Seigneur de la Vie qui ne peut finir, il ouvre aux croyants la porte de la vie éternelle. Venez, adorons-le.