Marie Mère de l’Église
« J’ai soif ». Des femmes ont entendu ce cri, et des soldats. Il est réminiscence de psaumes (22, 16 et 69,22), et part d’Écriture accomplie.
Rien à voir avec un acte de bravoure ou de libération, au contraire, c’est le constat désolant d’une immense détresse et d’un désir qui cherche encore et toujours à s’accomplir. Thérèse de Lisieux commentait ce passage en disant que c’était de l’amour de sa créature que Jésus avait soif.
C’est bien vers nous, que se porte le dernier désir de Jésus, là même où il semble impossible de l’entendre et de la soulager, dans la haine et le rejet des humains qui donnent la mort. Les termes explosent de contradiction ! Et c’est peut-être une brèche, car en chaque adversaire, ennemi, bourreau ou simple indifférent subsiste et subsistera toujours une part de vraie humanité qui finira par se laisse toucher, voire transpercer par ce cri.
Nous sommes aussi au pied de la croix, avec la Mère et un tout aimé, désarmés en cette heure de sombre ténèbre, invités à entendre quand même que l’amour ne se rendra jamais, qu’il n’en finira jamais de s’accomplir.
Accueillir et nous laisser saisir dans la parole de Jésus pour avoir part à cet inespéré : voici ton fils. Voici ta mère. En cette relation inattendue, recevons le don suprême, sa vie donnée, jaillissant en source vive et signée de son sang.
Bernard de Clervaux dit de Marie au pied de la croix qu’elle est « plus que martyre ». Le martyr donne sa vie. Marie donne la vie de son Fils, qui est plus que sa propre vie.
« Quand le Crucifié s’adresse à sa mère, il ne célèbre pas la confluence de leurs pleurs, il consacre leur séparation : Femme, voici ton fils (Jn 19, 26). Il dit Femme et non pas “maman”. Il ne la tourne pas vers lui, mais vers un autre : Jean t’est donné à la place de Jésus, le serviteur à la place du Seigneur, le disciple au lieu du maître, le fils de Zébédée au lieu du Fils de Dieu… » Séparation féconde, nouveaux engendrements, notre avenir et déjà notre présent d’éternité.
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