À la fête de Pâque, le temple est vidé : vendeurs, brebis et bœufs chassés, changeurs et tables renversés. Ce qui est utilisé d’habitude pour le culte est détruit. Les sacrifices présentés pour l’adoration et la repentance deviennent source de souillure et de profanation !
Seule la voix de Jésus retentit au milieu de tout ce désordre : « Enlevez cela d’ici ! » (v. 16) ; enlevez ce qui encombre le temple, ce qui fait obstacle à la rencontre avec Dieu ; enlevez ces richesses factices et ce trafic insensé. Oui, « détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai » (v. 19).
Quel temple devrait-être détruit ? Quel autre pourrait-être relevé ?
À la samaritaine, Jésus annonce : « l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer » (Jn 4, 21. 24). Le voile est déchiré et le mystère est dévoilé. Dieu n’habite pas une demeure faite de mains d’hommes, agitée par l’esprit du monde, par l’orgueil, par la suffisance, par des trésors éphémères… dans de telle demeure, Il n’a pas de place ! Lui, le maître de la maison, devient un étranger, un hôte méconnaissable !
Sa demeure, son seul lieu de rencontre avec l’homme, est la Personne Vivante de son Fils, Jésus-Christ. C’est le corps de l’Homme-Dieu, où Dieu s’est fait proche. Il se laisse rejoindre en esprit et en vérité dans un cœur pauvre, sincère, en veille gardant la lampe allumée, dans l’attente et l’espérance. C’est une demeure construite jour après jour par des « riens » pour accueillir celui qui est le fondement, le « Tout ». Et par ce fait, le vide ne sera plus cherché pour lui-même mais en vue d’une plénitude, pour que l’homme devienne demeure de Dieu selon la promesse de Jésus : « Nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14, 23).
Ainsi, nous, qui sommes le temple de Dieu où habite l’Esprit, croissons dans l’Amour de Dieu, ce feu qui consume et purifie faisant de nous des hommes nouveaux, renouvelés jour après jour. Notre prière s’élève avec sainte Elisabeth de la Trinité :
« O Feu consumant, Esprit d’amour,
Survenez en moi afin qu’il se fasse en mon âme
Comme une incarnation du Verbe;
Que je Lui sois une humanité de surcroît,
En laquelle il renouvelle tout son mystère ».
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