« Tous les matins du monde » ne ressemblent-ils pas à nos matins, quand de l’obscurité s’étire encore dans un coin de jardin ? « Il y eut un soir, il y eut un matin ». Ce refrain pourrait nommer nos expériences au long des jours. Ténèbres et clartés sont souvent proches et couvrent ensemble ce que nous vivons. Nous rêvons de nous étirer sous un grand soleil, mais nos joies sont plutôt celles de nuits étoilées et nos réveils parfois enténébrés d’épais nuages.
« Le premier jour de la semaine, à l’aube, alors qu’il faisait encore sombre, Marie-Madeleine se rend au tombeau ». L’espace d’une rencontre par trop fugitive, elle va passer de la quête angoissée à l’étonnement amoureux, du mouvement qui veut retenir l’objet de son désir à l’empressement de la messagère de Bonne Nouvelle.
Avec elle, nous voici conviés à vivre de Pâques en plein été. En vacances sans doute, nous tentons d’être réceptifs aux réalités du monde, aux lointains si souvent inconnus. Peut-être apprenons-nous à regarder autrement celui, proche, que nous croyions connaître mais qui demeure étranger.
Si notre regard peut être lavé de tout ce qui l’empêche de voir la profondeur des êtres et des choses, heureux sommes-nous. Et si nous apprenons à vivre avec plus de bienveillance avec nous-mêmes, un miracle est en train de s’opérer.
Mais si nous traînons encore laborieusement les pieds pour avancer au gré de nos paysages intérieurs, qu’importe puisque tout semble se renouveler presque malgré nous. Tout est cadeau. Mais il nous faut nous retourner pour voir, être reconnu et entendre Celui qui nous appelle par notre nom.
Que faire donc ? Chercher, risquer une sortie, interroger celui que nous rencontrons et entendre la surprenante réponse d’un inconnu pourtant si proche.
Que nos vies chantent, reprennent la partition, tantôt en majeur, tantôt en mineur, et ajoutent toutes les notes de nos histoires d’aujourd’hui !
Il est des soirs, des nuits, mais il fait matin de Dieu puisqu’Il est dans notre jardin.
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