AUTREMENT

Marie Madeleine se tient près du tombeau, quelques jours après qu’elle se soit tenue près de la croix de Jésus avec la mère de Jésus et Marie, femme de Cléophas (cf. Jn 19,25). Elle suit, en disciple, au plus prêt de Jésus, son Rabbi et son ami qu’elle n’a pas abandonné.

Mais, ce matin, venue embaumer le corps du Crucifié, et découvrant le tombeau vide, elle se tient au bord d’un précipice de néant qui a comme englouti le corps qu’elle est venue chercher et toute sa raison d’être et d’aimer. Elle est comme crucifiée. La déception et sa souffrance sont grandes ! On a enlevé son Seigneur de son tombeau, et elle ne sait pas où on l’a déposé (cf. Jn 20,2). Jésus lui a échappé, a échappé à sa présence de gardienne, de veilleuse et d’amoureuse. Elle n’est que larmes et chagrin d’avoir perdu celui qu’elle accompagne et sert depuis plusieurs années.

Ni les anges, ni la première apparition du Ressuscité n’entrent dans son champ du réel, elle est empêchée de les voir et aussi de le reconnaître Vivant. C’est que la Pâque, le grand passage, celui d’une personne morte à ressuscitée ne touche pas seulement Jésus qui vient d’entrer dans sa chair dans un mode et un monde différents. Désormais, il appartient totalement au Monde nouveau : à la Terre nouvelle et aux Cieux nouveaux. Et pour le reconnaître, Marie Madeleine doit elle aussi « ressusciter » à la foi, et ne plus chercher un mort, ne plus vouloir le toucher ni le retenir… pour renaître elle aussi. Jésus doit pouvoir lui échapper totalement pour être tout à tous, complètement pour elle et avec elle, mais en même temps pour tous les autres, hors du temps et hors de l’espace. Le toucher avec les yeux, avec le cœur. « Marie! »

Ce passage de la mort à la vie, avec lui est pour nous aussi, qu’il vient visiter personnellement, qu’il appelle par notre prénom et qu’il envoie chaque jour proclamer notre foi en la résurrection courant  vers nos frères et sœurs pour leur annoncer : « j’ai vu le Seigneur !, Alléluia !