Jésus n’aurait-il pas pu attendre le rassemblement de la communauté au grand complet pour lui faire le don de sa paix et de l’Esprit (Jn 20, 19-23) ?
Cette « omission » est bonne nouvelle de la présence du Ressuscité au cœur de la communauté telle qu’elle est !
Thomas n’est pas un lâche : « Allons, nous aussi, pour mourir avec lui !», s’était-il écrié avant la montée de Jésus à Jérusalem (Jn 11, 16) ; et au cours du discours d’adieux, il était intervenu en confessant son ignorance : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ? » (Jn 14, 5). Mais son courage et sa lucidité ne suffisent pas pour entrer dans le mystère qu’il n’aperçoit pas : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas » (Jn 20, 25).
Que lui manque-t-il ? Peut-être faut-il chercher du côté de son lien à la communauté. Il l’a quittée huit jours durant. Mais il revient pour prier avec elle. Au cœur de ce « retour », Jésus accède à sa demande : « Porte ton doigt ici : voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté » (v 27). Et de là jaillit une parole de re-connaissance : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (V 28). Non tant d’avoir touché, mais d’avoir vu, il est touché ! Alors Jésus peut lui ouvrir un chemin de conversion : « Ne deviens pas incrédule, mais croyant ». Et le prix de cette conversion est peut-être pour Thomas, pour les disciples que nous sommes à travers de lui, de croire en la parole de l’autre (« Nous avons vu le Seigneur ! ») plutôt que de nous raidir sur une confiance que nous ne voulons qu’en nous même !
Étonnement, c’est l’un des « douze », en la personne de Thomas, qui recueille le premier fruit du ministère des apôtres réunis dans l’Esprit, avec Jésus au milieu d’eux.
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