Clair-obscur de nos matins de Pâques.
« Il y eut un soir, il y eut un matin ». Refrain de création. Il pourrait être celui qui nomme nos expériences au long des jours. Ténèbres et clartés sont si proches les unes des autres. Nos réveils baignent souvent dans de l’obscurité.
« Le premier jour de la semaine, à l’aube, alors qu’il faisait encore sombre, Marie-Madeleine se rend au tombeau… » (Jean, 20,1.) L’espace d’une rencontre par trop fugitive, Marie va passer de la quête angoissée à l’étonnement amoureux, du mouvement qui veut retenir l’objet de son désir à l’empressement de la messagère de Bonne Nouvelle.
Tous les matins du monde ne ressemblent-ils pas à l’aube pascale, quand de l’obscurité s’étire encore dans un coin de jardin ? La lumière vient après une longue et douloureuse attente qui a pu nous apprendre un peu à être plus attentifs à la profondeur des réalités du monde, aux proches qui sont souvent si lointains. Peut-être nous a-t-elle appris à accueillir autrement Celui que nous croyions connaître mais qui demeurait étranger.
Si dans la nuit, notre regard a pu un peu être lavé de ce qui l’empêchait de voir la beauté des êtres et des choses…heureux sommes-nous. Si nous avons appris à vivre avec plus de bienveillance avec nous-mêmes, un miracle s’est opéré.
Et si nous avons trébuché et avancé quand même au gré de nos paysages intérieurs qui ne nous invitaient plus à l’aventure, il n’y a pas de quoi se lamenter: qu’importe puisque tout semble se renouveler presque malgré nous. Mais il nous faut encore nous retourner pour voir, être reconnu et entendre Celui qui nous appelle par notre nom et qui scelle ainsi notre alliance avec le Dieu des vivants.
Interrogeons Celui que nous rencontrons, laissant percer notre douleur, notre angoisse et
entendons la surprenante parole d’un inconnu pourtant si proche : Marie ! Elle nous déplacera vers le Maître, vers notre Père et nos frères.
Il est des soirs, des nuits, mais il fait matin de Dieu puisque Il est dans notre jardin.
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