« Voici comment Il se manifesta »
Le « Souffle» a rouvert le livre. Aurait-Il oublié quelque chose d’essentiel ? Tels les croyants du premier siècle, il nous importe tellement de savoir « comment » Jésus ressuscité se manifeste au quotidien de nos existences, celle de l’Eglise, dans un monde aussi merveilleux que troublé ! Quels sont les chemins de la « reconnaissance » du Ressuscité ?
Et voilà le parcours de « Sept » disciples de Jésus, prénommés et anonymes : nos visages, nos parcours s’y reflètent comme en un miroir ? Ils oscillent encore entre joie et doute, non – savoir et savoir, inconnaissance et reconnaissance… Mais y a-t-il foi sans questionnement, espérance sans désespérance, amour sans failles ? L’un est toujours si proche de l’autre, peut-être l’un dans l’autre ?
La Parole de ce jour nous provoque au mouvement, à un incessant « venir » (repris sous de multiples formes dans cet Evangile) ordonné à la rencontre avec le Ressuscité. Tout et tout le monde bouge, à l’apparente exception de Celui « QUI EST » au centre du récit. Pour les disciples l’hyper – activité de « l’être ensemble », « l’être avec », « la sortie », « l’embarquement » de nuit…, ne débouche sur rien d’autre que le « RIEN » et le « NON ». (V.3-5) Qu’est-ce donc qui empêche cette ébauche d’Eglise avec Pierre aux commandes, de remplir leurs filets ; de reconnaître en leurs œuvres celles du Ressuscité, comme Il l’a promis ? Enfermés encore dans leur propre industrie, ne doivent-ils pas « passer » par le « non savoir », par le « lâcher prise ». Ne faut-il pas laisser au Tout – Autre du matin de Pâques, tel une Ancre sur le rivage, le gouvernail de la barque et la Parole créatrice ?
Lui qui « SE TIENT LA », qui fait face à leur quotidien, mais dont ils ne savent pas qu’ « IL EST » ! (V.4)
Seul l’Amour, jaillit de Son « côté » (V.6) transpercé, engendre au Père les « Enfants » (V.5) de la grâce. « Enfants avez-vous quelque nourriture » ? Le Ressuscité se fait mendiant de leur indigence et ordonne à la mer de livrer l’abondance de ce qu’elle tient captif depuis des siècles (153 gros poissons, toutes les nations). Les yeux du disciple aimé s’ouvrent à la « reconnaissance » : « LE SEIGNEUR EST » ! (V.7) De cette parole fraternelle, Simon-Pierre naît à l’acte de Foi , connaît la « nudité » de son reniement, « revêt » (V. 7) le Christ Mort et Ressuscité pour le Salut de tous et « se jette » (V.7) en Lui. « J’ai prié pour toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères » avait dit Jésus.
En l’amour du disciple aimé et la foi de Pierre, tous peuvent rejoindre Jésus sur « la Terre des Vivants », entrer dans l’échange fraternel du donner et du recevoir, entendre comme au premier jour le Maître dire : « Venez ».
« Aucun des disciples n’osait Lui poser la question : QUI ES-TU ? ILS SAVAIENT QUE C’ETAIT LE SEIGNEUR »
« ALORS JESUS VIENT ; il prend le pain et le leur donne ; il fit de même avec les poissons.
C’était la troisième fois que Jésus se manifesta à ses disciples depuis qu’Il s’était relevé d’entre les morts » (V. 12-14)
« Il a voulu ce sacrement du repas pour affirmer que nous ne le trouverons pas si nous ne sommes ensemble, que c’est la condition même ; le seul accès possible à Sa Présence, c’est d’être ensemble »
Maurice Zundel « Silence Parole de Vie »
Un commentaire
AU LEVER DU JOUR, JÉSUS SE TENAIT SUR LE RIVAGE, MAIS LES DISCIPLES NE SAVAIENT PAS QUE C’ETAIT LUI. JESUS LEUR DIT : … « JETEZ LE FILET À DROITE DE LA BARQUE, ET VOUS TROUVEREZ » (Jean 21, 1-14). Aucune situation difficile n’est éternelle. Et même quand elle commence à durer, il est toujours possible de progresser, en se référant au passé et en faisant quelques réajustements. Après la mort de JÉSUS, les disciples retournent à leurs activités quotidiennes. CELUI dont ils croyaient être le Sauveur, s’en est allé, emportant avec LUI les espoirs et les espérances de tout un peuple. Tout est à refaire, il faut repartir de là où on s’était arrêter, reprendre la vie normale d’autrefois. Au lever du jour, ils retournent donc au lac pour la pêche, là où tout avait commencé, là où la rencontre avec JÉSUS avait eu lieu. Or, c’est justement là-bas que le Ressuscité, non plus simplement JÉSUS, va les rejoindre, pour poser le même geste miraculeux, face à la même fatigue, au même désespoir des disciples, suite à une pêche une fois encore bredouille. Cette fois si, il n’est pas question d’avancer plus au large, mais, de jeter le filet à droite de la barque. Certainement que toute la nuit, ils ont essayé à gauche, sans rien prendre. C’est donc le même lieu, la même activité ; il faut juste changer de stratégie, au moment où le nouveau jour, c’est-à-dire une nouvelle espérance se lève. Quelques fois, changer notre manière d’aborder les mêmes problèmes ou les mêmes situations difficiles, le fait d’approcher diversement les personnes que l’on croit difficile, peut nous aider à sortir de grandes situations tragiques. La méforme d’un jour ne justifie pas la calomnie ou le rejet d’une personne. Car, chaque situation a toujours une solution. Il nous suffit d’apprendre à regarder dans la bonne direction, prendre les justes moyens nécessaires, changer ce qui est à changer, mais en conserver et améliorer l’essentiel. Et c’est sur cette voie que nous porte le Ressuscité. BONNE FÊTE DE PÂQUES.
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua