Relèvement
Les mots humains sont trop étroits pour dire la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur du cœur de Dieu. La langue française, si riche en nuances, ne peut que balbutier le mot aimer.
Au bord de la mer de Qinnereth, le Seigneur ressuscité interpelle par trois fois celui qui l’a renié avec ses mots à lui. Jean l’évangéliste l’écrit en grec qui nous révèle la subtilité de la pédagogie divine en faisant résonner toutes les harmoniques du verbe.
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? »v.15 Jésus s’exprime en agape c’est-à-dire l’amour don qui trouve sa Source dans l’amour du Père, Celui qui l’envoie et dont Jésus se reçoit.
Pierre lui répond en philein c’est-à-dire l’amour d’amitié dont il aime ses amis, ses frères, ses condisciples qu’il emmène avec lui à la pêche sur le lac.
Une deuxième fois, Jésus s’adresse à Pierre dans sa relation de Fils envoyé par le Père venu révéler au monde l’amour dont Dieu l’aime.
« Simon, fils de Jean, m’aimes –tu ? » v.16
La troisième fois, jésus s’adresse à Pierre à hauteur d’homme, s’abaissant Lui le fils de condition divine qui ne retient pas le rang qui l’égale à Dieu et lui :
« Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » v.17
Jésus emploie le verbe « philein » aimer d’amitié, celui-là même utilisé déjà à deux reprises par Pierre. Une nouvelle fois, Jésus descend et s’approche. Unique Incarnation. « Le Verbe s’est fait chair et a planté sa tente parmi nous. »
Jésus ressuscité vient à la rencontre de Pierre. Il l’attend sur le rivage, il l’interpelle et le relève. Lui qui a renié son maître se laisse regarder à nouveau, de visage à visage, de parole à parole pour se laisser rejoindre par Celui qu’il a délaissé jusqu’à nier son existence devant tous.
N’attendons pas d’être pur, stable, parfait pour nous mettre en route à la suite du Maître de Galilée. Lui n’hésite pas à emprunter nos pauvres mots, nos chemins cabossés, nos routes empierrées pour nous rejoindre, assoiffé et brûlant : « M’aimes-tu ? »
Un commentaire