Nous avons tendance, surtout en ces jours-ci avec tout ce que nous vivons, d’appeler toute tentation, toute maladie, toute traversée et tout évènement tragique, « une croix » ; une façon d’ « anesthésier » la souffrance et accepter de vivre tout en étant morts ! Comme si la vie avec Dieu n’est vue que sous l’angle de la souffrance et de la mort.
Or, il n’y a qu’Une seule Croix et Un seul Crucifié : Jésus-Christ. Dieu est crucifié en moi et en l’autre, en chacun de nous. À chaque fois que nous refusons sa Vie en nous, nous le crucifions. À chaque fois que l’autre refuse la vie de Dieu en lui et en nous, il le crucifie.
En effet, nous ne pouvons participer à la croix du Christ en dehors de l’Amour, en dehors de Dieu. La Croix et l’Amour ne peuvent être jamais séparés.
Continuer à aimer au sein des persécutions, c’est vivre la Croix.
Continuer à croire en l’autre malgré tout ce qui porte en lui comme signe de jugement, de colère, de haine et de péchés (qui ne sont qu’un miroir de ce que nous portons nous aussi en nous-mêmes), c’est vivre la Croix.
Continuer à vivre les évènements difficiles en ayant les yeux fixés sur la Résurrection, c’est vivre la Croix.
Continuer à espérer contre toute espérance et semer l’amour là où il n’existe pas, c’est vivre la Croix.
Avoir toujours les entrailles déchirées de miséricorde devant la souffrance de l’autre, c’est vivre la Croix.
Ce que nous prêchons est la sagesse de la Croix qui n’est qu’une folie pour le monde. Ce mystère ne peut être vécu que par l’accomplissement de l’Amour de Dieu en nous ; cet Amour qui se donne en nous, qui transfigure notre nature enlaidie par le péché, notre Golgotha ; un Amour qui s’illumine en étant crucifié. Un Amour qui, plus il se donne, plus il rayonne paix, joie et espérance !
Que Jésus-Christ entre dans notre Jérusalem portant sa propre Croix ; qu’Il nous donne la grâce de l’accueillir les bras étendus pour continuer dans notre chair, là où nous vivons, ce qui manque à ses souffrances pour sa Gloire et le Salut de nos frères.
Un commentaire
DIEU A TELLEMENT AIMÉ LE MONDE QU’IL A DONNÉ SON FILS UNIQUE, AFIN QUE QUICONQUE CROIT EN LUI NE SE PERDE PAS, MAIS OBTIENNE LA VIE ÉTERNELLE (Jn 3, 13-17). Perdre l’Unique, pour gagner la multitude : l’amour est don, don jusqu’à l’extrême du sacrifice, mais un sacrifice qui par la foi, garantit la vie éternelle. Tout ce qui se donne ou qui est donné par amour, ouvre toujours à un amour plus grand. Car, l’amour croît dans la mesure où il se fait don. Or, le don implique nécessairement l’accueil et de cet accueil, l’Homme est sauvé. Mais, pour accueillir, il faut croire. Donc, la foi s’exprime dans l’ouverture de l’Homme à accueillir l’amour qui se donne. Ainsi, par la foi et l’accueil du don, l’Homme qui croit ne se perd pas ; tout au contraire, il se retrouve, c’est-à-dire que de nouveaux chemins s’ouvrent devant lui. Être sauvé c’est se retrouver, c’est-à-dire assumer désormais et totalement la nature divine. Et l’Homme qui croit et accueille l’amour, est sur le chemin du Salut. DIEU sauve ainsi le monde par amour, et de même, l’Homme est sauvé par la foi en cet amour gratuit que DIEU lui manifeste et qu’il décide librement d’accueillir. Le CHRIST est l’expression visible de cet amour de DIEU manifesté aux hommes. En LUI, c’est l’amour de DIEU qui est présent, visible et qui s’exprime dans nos vies. Pourtant, le CHRIST a vécu cette manifestation de DIEU aux hommes, jusqu’au péril de la mort, et la mort sur une croix. C’est pourquoi DIEU l’a exalté. Ainsi la croix, loin de rester une fatalité et objet de scandale, est devenue signe de Salut pour ceux qui l’acceptent. Accueillir le CHRIST, c’est accepter certes de porter sa propre croix de tous les jours, mais c’est aussi accueillir l’Amour, se laisser transformer par amour et par l’Amour. Or, beaucoup manquent d’amour, justement parce qu’il manque DIEU dans leurs cœurs et dans leur vie ; IL a été substitué par des idoles, remplacé par d’autres divinités qui ne sont que le fruit de nos désirs, de nos pensées et sculptées selon nos convenances. DIEU est rejeté, nié et oublié, parce qu’IL nous présente la vie dans toute sa réalité, entre tragédie et succès, entre croix et gloire, entre épreuves et persévérance. Et refuser la croix c’est donc refuser de s’engager sur un chemin qui exige persévérance dans l’épreuve, patience dans l’effort, relèvement après la chute, foi au-delà de toute tragédie et confiance malgré les chemins obscurs. Ainsi, la croix de la fatalité est transformée en croix glorieuse, et qui signifie l’école de la patience et du courage, de la persévérance et de la confiance, du discernement et du silence méditatif. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua