EFFACEMENT
« Christ manifesté dans sa chair » est un refrain que nous chantons en ce temps de l’Épiphanie où Dieu se révèle en son humanité. Jésus est révélé en son origine par son baptême donné par Jean, par la voix de Dieu son Père et par la descente de l’Esprit Saint sur lui. Son origine divine est ainsi authentifiée et donne légitimité à sa mission nouvelle : attirer au Père tous ceux qu’il aime et sauve. Jean l’attendait et l’annonçait, son baptême d’eau purificateur préparant l’accueil de celui qui les baptiserait dans le feu, signe d’une alliance éternelle.
Mais, il semble, aujourd’hui, que le tuilage des deux baptêmes (celui de Jean et celui de Jésus) pose le problème de la concurrence : « le voilà qui baptise, et tous vont à lui ! » (v. 26). Que craignent les disciples de Jean ? D’être au chômage, de disparaître ?
L’évangéliste nous donne une alerte : tout cela se passe avant que Jean le Baptiste n’ait été mis en prison (v. 24). C’est bien plus que la fin d’un contrat, c’est la fin d’un homme ! Sa fin tragique est annoncée, et Jean l’annonciateur assume complètement son arrestation et sa mort injuste. Il le sait et le proclame : « il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue » (v. 30).
Rien de nouveau pour lui, sa voix dans le désert était déjà dans l’abaissement. Sa déférence à un plus grand que lui, lui fait tirer sa révérence, sans remord et sans regret… tout au contraire, il est dans la joie. Et cette « joie parfaite » (v. 29) est une joie pascale.
Jean identifie Jésus comme « l’époux », celui qui scelle l’alliance éternelle entre Dieu et toutes ses créatures. Lui-même se prénomme son ami, il est en relation profonde et authentique avec celui qui est venu pour lui aussi, pour le sauver lui aussi. Entendre la voix de l’époux dans la nuit de son effacement, c’est déjà l’aube du mystère pascal. Jean le Baptiste consent donc, joyeux, à s’effacer, car un Autre le relèvera.
Son baptême manifestait l’Incarnation, sa mort annonce la Résurrection.
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