L’EAU DE LA PRIÈRE

La femme de Samarie qui arrive seule pour puiser l’eau, au plus chaud du jour, n’a pas soif, mais elle a peur. Elle se cache des autres femmes, en évitant de fréquenter ce lieu de convivialité et d’échanges au moment où les femmes de la ville y vont. Elle y est donc au plus chaud, comme à l’heure de la Croix,  seule et en silence.

C’est sans compter sur la soif de Dieu pour les âmes. Une étymologie possible du nom propre « Sychar » c’est l’ivresse… Peut-être l’ivresse de la noce célébrant l’amour partagé ? Et justement, le puits, dans la tradition biblique, est le symbole de la rencontre amoureuse et des fiançailles.

Jésus, seul aussi, se tient là, assis, fatigué de sa route. Il ose dire à la femme sa soif.

Penser puiser sans cruche, quelle folie ! Mais folie encore plus grande que de ne voir en ce lieu que le puits de Jacob qui a désaltéré fils et bêtes, et de ne voir en l’eau que celle qui désaltère un moment sans apaiser la soif. Il y a ici « affaire » beaucoup plus importante, car il s’agit du salut d’une âme et du don de l’Esprit Saint.

Jésus et la femme se rencontrent, et ils se parlent dans un « commerce d’amitié », seul à seule, ouvrant chez la femme un désir profond d’unification. L’audace de Jésus casse la peur et toutes les réticences de la femme samaritaine. Il n’y a plus de barrières, plus aucun préjugé. Alors, la vraie soif est enfin révélée et le désir de cette eau vive que le Seigneur lui propose.

« Et il me dit : C’est fait ! Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif je donnerai de la source de l’eau de la vie, gratuitement » (Ap 21,6).

Thérèse d’Avila qui avait une affection particulière pour la Samaritaine, a été, elle-même, abreuvée généreusement à cette Source d’eau vive et selon la promesse du Seigneur, celle-ci est devenue pour elle et pour toute l’Église cette « source d’eau jaillissant pour la vie éternelle ».

Seigneur, donne-la nous, cette eau !