Nul ne se rend témoignage à lui-même. Avoir besoin du témoignage d’autrui, pour quelque raison que ce soit, nous rend dépendants les uns des autres et nous relie.
Dieu lui-même n’a pas voulu échapper à cette réalité. Le Fils a ordonné toute sa vie à témoigner du Père qui l’a envoyé (Jn 5, 37) et le Père a rendu témoignage au Fils (v 36). Ainsi, quand Dieu et l’homme se cherchent, le rapport de ce dernier au témoignage est décisif. Le peuple juif contemporain de Jésus a été mis au défi de reconnaître parmi les siens « celui dont Moïse a écrit dans la Loi et les Prophètes » (Jn 1, 45). Témoignage des Écritures donc. Va et vient à entretenir entre la vie et les Écritures pour laisser vibrer les motions de l’esprit : « nous l’avons trouvé ! » (Jn 1, 45). Mais il est un autre témoignage qui « parle » lui aussi : « les œuvres que le Père m’a donné à mener à bonne fin, ces œuvres mêmes que je fais me rendent témoignage que le Père m’envoie. » (v 36). Ce que Jésus a dit, fait et été sur les routes de Palestine, était en pleine cohérence et renvoyait à un Autre, au Père, à la Source. Grâce de Jésus, et lieu des pires dangers pour l’homme qui sans cesse ramène tout à lui-même.
Si la mission singulière et unique de reconnaissance du Messie n’est pas la nôtre, nous en avons une aussi : nous sommes héritiers du témoignage des Apôtres parvenu jusqu’à nous de proche en proche, à travers les âges et les cultures. Notre foi n’en est pas moins sollicitée. Nous ne sommes pas moins conviés à aborder l’Ecriture pour elle-même : « Vous scrutez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! » (v 39-40). Mieux encore, accueillir un témoin, c’est être appelé à le devenir soi-même ! : « C’est Dieu qui nous a fait, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions » (Ephésiens 2, 10). Ce propos de saint Paul m’impressionne ! Car nous mettons une telle distance entre ce que nous faisons de bon et celui qui en est la Source…. Le remède est sans doute de vivre et d’agir « dans le Christ Jésus ».
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