La péricope de ce jour se donnerait-elle plus à entendre qu’à voir ?
Ce qui se dessine à nos yeux, c’est, en arrière fond, une montagne sur laquelle Jésus c’est retiré, fuyant la foule qui, après le signe des pains, voulait le faire roi. Le soir vient et les disciples reprennent la barque pour retourner de l’autre côté du lac. Puis, c’est « la ténèbre », le temps de l’agitation de la mer – lieu symbolique des forces du mal -, le temps où la barque subit les soubresauts des vagues et du vent. Tout cela n’anticipe-t-il pas un peu ce qui se passera lors de la Pâque, la troisième dont il sera fait mention dans l’évangile de Jean ? Ici, les disciples auraient légitimement pu être inquiets, mais il n’est pas fait mention de leurs sentiments à ce moment précis.
Puis quelque chose d’incongru survient : alors même que ces hommes de la mer ‘rament’ contre le vent et des mouvements contraires, ils voient Jésus se rapprocher d’eux, marchant sur la mer comme s’il était sur une terre ferme. Pourquoi cela suscite-t-il de la peur ? Un ami qui vient à vous quand tout s’agite ne devrait-il pas rassurer ?
Alors Jésus prononce des paroles qui ne sont pas sans rappeler celles entendues au buisson ardent (Exode 3, 2-6). « Moi, je suis ». (Cela sera repris 7 fois dans l’évangile). Ces deux mots (ego emi) sont immédiatement suivis par ce qui est et sera l’indicatif du ressuscité : « n’ayez pas peur ! »
Et, bien que la barque se soit trouvée à environ cinq kilomètres de la rive, voilà que tout à coup, quand Jésus s’approche et se fait reconnaître, elle touche l’endroit où les disciples se rendaient, la terre ferme.
N’en est -il pas de même pour nous ? Alors que nous menons nos projets, souvent bons, nous voilà dans l’obscurité, ébranlés par des vents contraires, secoués de toute part. Qu’en est-il de nos convictions ? N’est-ce pas souvent le moment d’une révélation intime qui nous ébranle encore davantage que les intempéries de la vie ? Qu’en est-il alors de notre écoute profonde, de notre foi et de la paix donnée par Jésus ? Mais qui es-tu, Jésus ?
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