Un ami, authentique chercheur de vérité, me disait l’autre jour : « Mais je ne veux pas croire ! Je veux toujours faire pleinement droit à la raison. J’étais d’autant plus interpellée qu’il s’agissait de la parole d’un véritable ami, passionné du beau, et qui exerce une grande compassion pour tout ce qui vit, croît et souffre. Ma réponse n’a pu d’abord être qu’un long silence. Sa parole me laissait sans voix, les mots si mal venus pour nous deux. Un « pourquoi » trop lourd planait entre-nous.
Une question me hante encore : sur quelle douleur repose sa prise de position ? Serait-ce celle d’avoir éprouvé la violence d’un rejet, d’avoir été exclu du champ de la vie ou de son épanouissement ?
En face de lui, au creux de la prière, un autre Ami me dit : « moi, je suis le pain de vie ». « Celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors ». « […] que je ne perde aucun de ceux que [le Père] m’a donnés ». Alors, une question prend feu :
En quoi suis-je semblable à ces amis ? Au premier que j’entends et qui ne peut et ne veut croire à la folie d’un amour ? A l’autre que je désire écouter et entendre, à qui je tente de ressembler, à qui je rêve de donner un lieu d’incarnation au fil des jours et du plus ordinaire de mes rencontres ? Là, en ce lieu de convocation de l’amour, où se dirige ma liberté ? Vers qui vont mon espérance et ma confiance ? Alors, presqu’aussitôt vibre et résonne une autre interrogation : comment lui être une humanité de surcroit en laquelle il renouvelle tout son mystère ? »
Qui pour l’amour est en peine
Guérir ne peut, Tu le sais,
Qu’en présence du visage de l’Aimé.
« Ami, allons-nous-en nous voir en ta beauté ! » Oui, nous tous.
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