Le chapitre 6 de l’évangile de Jean situe les événements peu avant la fête de Pâque, un des sommets de l’année liturgique pour les juifs. Il débute par la narration d’une foule à nourrir, et la question de Philippe à Jésus : « Où trouverons-nous du pain pour tant de monde ? » L’extrait d’aujourd’hui nous met en chemin de réponse et de questions nouvelles : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. ». Cela semble plus intriguant, plus énigmatique que la première interrogation. On aimerait adoucir le texte pour le rendre possible à nos oreilles et à notre intelligence. Mais il paraît que, dans l’écoute et le dialogue, c’est le point inaudible, difficile, qui est justement le plus intéressant.
La question était et demeure : où achète-ton le pain, du pain pour nourrir toutes nos faims humaines ?
Mais le pain pour vivre ne s’achète pas. Il est donné, ce Pain de Vie, et nous devons le consommer dans toute sa densité et son épaisseur. C’est Jésus lui-même, un pain quotidien, fait de « chair et de sang », c’est à dire existence humaine en sa fragilité, mais force divine en son don. C’est tout son mystère, Parole de Dieu faite chair qui a planté sa tente parmi nous, pour demeurer avec nous et en nous. Si nous consentons à le « manger », à le laisser devenir plus intérieur à nous-mêmes que nous-mêmes, si nous croquons la vie en toute sa fragilité, affrontant les croix du chemin avec sa Parole, nos corps et nos histoires deviennent vie éternelle en Lui. C’est le don, Dieu-donné en plénitude en Jésus, qui renverse et pulvérise le pouvoir de la mort. C’est à ce don qu’il nous est proposé de consentir et de participer, circulation de donation qui constitue l’être même du Fils dans la mesure où, se donnant, il donne vie aux hommes.
Où trouverons-nous du pain ? « Venez et voyez ! » Eh oui, « A qui irions-nous ? »
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