Pourquoi donc Jean insiste-t-il tant, presque jusqu’à l’obsession, sur le fait qu’il faille manger la chair et boire le sang du Fils de l’Homme pour avoir la vie en nous ? C’est un langage qui semble proprement incompréhensible ! Que de fois j’ai voulu ‘sauter’ ces versets du chapitre 6 ! Peu à peu cependant, presque sans le vouloir, surtout au gré des épreuves et de la perte d’êtres très chers, -en faisant mémoire de leurs paroles et de leurs actes, je comprends un peu comment ils se sont donnés en nourriture– ces paroles s’impriment dans la trame de ma vie.
Elles la nourrissent et la transforment.
Pour cela, il n’est qu’à se laisser ‘impressionner’, accueillir, souvent sans vraiment comprendre, mais dans la confiance, ces paroles de trop grande vulnérabilité : les écouter, essayer d’en saisir quelque chose, les apprendre par cœur, tenter de les incorporer, les mâcher comme on mange le pain. Lentement elles s’apprennent ‘par corps’ ; nous les assimilons et les laissons descendre de la tête et du cœur dans les entrailles. Peu à peu, ce sont elles qui font tressaillir à chaque approche ou frôlement de la vie en nous et dans les autres. Elles deviennent moi, mon cœur et ma chair, sans que je sache comment. L’Esprit opère l’œuvre à laquelle tout mon être aspire : qu’Il se fasse en moi comme une incarnation du Verbe, que je lui sois une humanité de surcroît en laquelle il renouvelle tout son mystère. Ne me demandez pas comment. Mais j’en suis sûre aux heures de Dieu.
« Le Verbe se fait chair » en vulnérabilité et en don absolus mais aussi en ma chair : corps et sang donnés pour qu’aucun ne se perde. En ma pauvreté et mon total abandon, il poursuit ce qu’il a fait une fois pour toutes.
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