Jean 6, 52-59

CROQUER LA VIE

« Si vous ne mangez pas la chair du Fils de lhomme et si vous ne buvez pas son sang, vous naurez pas en vous la vie » (v.53).
Le scandale bat son plein à Capharnaüm pour les Juifs qui ont rejoint Jésus pour l’écouter (v.52) : manger la chair ou boire le sang de quelqu’un, qu’est-ce à dire ? Qu’imaginent-ils ? S’agirait-il de dévoration incestueuse, de vampirisme, voire de cannibalisme ? Que comprennent ces auditeurs juifs des dires de Jésus, et nous… comment pouvons-nous les comprendre, aujourd’hui ?

Soizic Ouarda, Pain Vivant descendu du Ciel, Exposition © Photo CSJ Caen.

Dans notre réaction liée à nos imaginaires et fantasmes n’y aurait-il pas un peu de la déroute intellectuelle d’un Nicodème demandant à Jésus comment retourner dans le ventre de sa mère à propos de la renaissance (Cf. Jn 3,4) ? La clé de compréhension se situait pour lui dans l’écoute de l’Esprit Saint, la naissance spirituelle qui donne à comprendre  « les choses du ciel » (Jn 3,12).

Que se cache t-il alors dans ce « pain vivant qui descend du ciel » (v.51) ? Quelles réalités du Royaume nous sont données ?

En y regardant de plus prêt :
– Jésus nous offre un repas, une nourriture et une fête, la vie (v.51).
– Jésus se donne lui-même, donne toute sa personne en son Incarnation, et derrière son offrande se profile le don total réalisé à la croix (v.53).
– Jésus se fait si intime à nous, par l’assimilation solide et liquide qu’il devient véritablement le Dieu en nous, avec nous, qui demeure en nous (v.56).
– Jésus creuse en nous la faim et la soif, plus que la survie des Hébreux au désert mangeant la manne (v.58), plus que le rassasiement des pains multipliés car il s’agit maintenant de notre vie éternelle ! « Celui qui mangera du pain que voici vivra pour l’éternité » (v.58).

À nous aujourd’hui de « manger » cette vraie nourriture et vraie boisson qui englobe le sacrement de l’Eucharistie, et qui l’ouvre à tout ce qui permet à la vie divine en nous de se propager : « manger » sa Parole, « manger » la miséricorde, « manger » la lumière… Sentons-nous invités par Jésus à croquer la Vie à pleine dent !

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