« Quant à moi, qui sens quelquefois en moi le ridicule d’un prophète, je sais que je n’y trouverai jamais la charité d’un médecin ». (Baudelaire)
Notre péricope est absente de plusieurs manuscrits, mais les exégètes s’accordent pour dire qu’elle est d’origine. Aurait-elle été censurée ?
Jésus est au temple, disponible, joignable, ouvert à toutes et tous. Et voici qu’une femme terrorisée, adultère, est amenée devant lui. Des bienpensants somment Jésus d’agir. En ennemis, ils veulent enfermer le maître dans une réponse rapide pour le discréditer.
Jésus assis pour enseigner, s’abaisse une première fois. Il refuse l’affrontement et ouvre un espace de silence. Il se rapproche de la terre, trace des traits, griffonne, et tente, par ce simple geste, d’introduire de la distance, de la liberté.
Puis il se redresse et parle. La Loi est normative, tous le savent, mais les passages cités parlent aussi bien de l’homme que de la femme. (Nb 20, 10, et 22 Dt, 22-24) Il prend les scribes à contre-pied en introduisant un autre précepte de la Loi : quand une sentence de mort a été prononcée, « La main des témoins sera la première sur l’accusé pour le faire mourir, et la main de tout le peuple ensuite » (Dt 17,5 7).
Il s’adresse à chacun, pose une question personnelle, puis reprend sa position d’humilité, renvoyant une fois encore chacun à sa propre liberté. Les accusateurs s’éloignent, les plus vieux d’abord, probablement les plus lucides sur le cœur de l’homme. Il se remet à tracer des signes sur le sol. Geste prophétique ? (Cf. Jr.17,13).
Enfin, Jésus se redresse une nouvelle fois ; il se trouve seul avec la femme et lui dit : « Femme ». Dans sa bouche, c’est toujours un terme de respect. Elle a échappé à la mort, et peut renaître sous le regard de l’amour. La voilà invitée à reprendre le chemin de la fidélité.
Même quand personne ne nous a condamnés, nous sommes parfois tentés de nous condamner nous mêmes, au risque de perdre cœur. C’est alors que Jésus se relève, nous regarde, et nous dit : « Va ! »
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