Jésus s’adresse aux juifs qui ont cru en lui. Avoir la foi, c‘est croire en la Parole d’un Autre et se mettre en route, partir, cheminer, comme le fit Abraham, le Père des croyants. Et, dès lors qu’il met toute sa vie sous le signe du chemin, il n’a plus d’autre demeure que la Parole.

Si vous demeurez dans ma Parole, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. Comment les interlocuteurs de Jésus peuvent-ils affirmer à la fois qu’ils sont de la descendance d’Abraham et qu’ils n’ont jamais été esclaves de personne ? Ont-ils oublié les quatre-cents ans d’esclavage en Egypte ? En tous les cas, ils oublient d’en faire mémoire : Quand tu auras mangé … que tu auras bâti de belles maisons … quand tu auras vu multiplier ton bétail … s’accroître tous tes biens, … que cela n’élève pas ton cœur ! N’oublie pas alors le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude (Dt 8, 11-14).

Nul d’entre nous n’échappe à la servitude. Celle des hébreux en Egypte et leur libération est notre histoire personnelle et communautaire.
La première condition pour être libéré, est de reconnaître nos esclavages et nos enfermements. La seconde est de laisser place à la Parole, pour qu’elle puisse comme un glaive, discerner entre la vérité et le mensonge qui combattent en nous. La troisième, enfin, est de cesser de brandir notre Origine comme un pédigré ou un titre de gloire. Ces derniers nous rendent souvent injustes. Être enfant d’Abraham, c’est être fils de la promesse et s’attacher la Parole au corps pour marcher dans nos déserts vers la terre de la liberté. Être enfant d’Abraham, c’est exercer l’hospitalité et intercéder pour la vie, c’est marcher en tête à tête avec Dieu, notre Source éternelle qui nous fait tenir dans notre marche vers la liberté.