« Jamais il ne verra la mort » (v. 51b). Une telle promesse paraît impossible : comment l’entendre? D’ailleurs, Jésus connaîtra lui aussi la mort. Alors de quelle mort parle-t-il?
Quand Jésus parle de vie, ses interlocuteurs ne voient que la vie terrestre. Ainsi, appliquant ses propos à la seule mort physique, ils les réduisent à une simple promesse d’immortalité! « Es-tu donc plus grand qu’Abraham, notre Père, qui est mort? » (v. 53). « Tu n’as pas cinquante ans et tu as vu Abraham! » (v. 57)… paroles difficiles à entendre et impossibles à croire !
Voici la clé, me semble-t-il: « Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort » (v. 51). Sa parole est une parole de vie qui préserve de la mort éternelle celui qui l’accueille et la fait sienne. Cette vérité est également révélée lors de la résurrection de Lazare : « quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11, 26). Elle est vie car la Parole nous bouscule, nous change de l’intérieur, nous fait grandir.
Jésus se révèle comme l’Isaac véritable, la véritable postérité promise par Dieu à Abraham, leur père. Il est le « Je Suis » du buisson ardent révélé à Moïse. Il est la Résurrection, la vérité et la Vie.
Cette révélation nous engage. Elle prend chair en nous si nous gardons la parole, si nous croyons qu’elle est vie, si nous la vivons. Alors, une autre vie peut naître en nous, une vie qui donne la force d’aimer, de continuer à s’ouvrir, d’espérer, en somme, une vie, qui ne cesse de poser les possibilités d’une nouveauté au quotidien. Alors, nous serons des Hommes Vivants qui glorifient et contemplent Dieu dans leur vie car « la Gloire de Dieu, c’est l’Homme Vivant ; la vie de l’homme, c’est de contempler Dieu » (St Irénée de Lyon).
Un commentaire
C’EST MON PÈRE QUI ME GLORIFIE, LUI DONT VOUS DITES : “IL EST NOTRE DIEU”, ALORS QUE VOUS NE LE CONNAISSEZ PAS. MOI, JE LE CONNAIS… ET SA PAROLE, JE LA GARDE (Jn 8, 51-59). Vivre une véritable relation avec DIEU, c’est vivre aussi notre humanité en toute liberté. Or, pour arriver à ce niveau de sérénité, d’espérance et de bonheur, il faut faire l’expérience de DIEU, le connaître et le reconnaître à travers les merveilles qui surviennent dans notre vie. Connaître c’est être capable d’identifier une chose, avoir un rapport intime avec elle, vivre ensemble dans une connexion interne et profonde. Une chose n’est connue que parce que nous partageons avec elle une relation d’intimité, un champ commun. Il en est ainsi pour DIEU dans notre histoire, et bien plus encore. IL est au-dedans de nous par son Esprit et c’est par l’effort quotidien de la prière, de la méditation et de l’abnégation, que nous pouvons sentir sa présence. Ainsi, nous ne pouvons connaître DIEU qu’en vivant une profonde expérience et intimité avec LUI, et non pas simplement par un regard extérieur, une réflexion intellectuelle ou encore par la simple acquisition d’informations et la collecte des données sur LUI. La connaissance de DIEU, bien que limitée, nous porte à ouvrir notre cœur, à disposer notre esprit et à accueillir en toute humilité ce qu’IL a à nous révéler de sa personne et de sa Parole. C’est pourquoi cette connaissance ne reste pas superficielle ni simplement sur les lèvres. Elle pénètre les profondeurs de notre être et influence sur notre vie entière. Connaître DIEU c’est garder sa Parole, vivre de ses commandements, se laisser façonner à son école. C’est là que l’Homme apprend à dépendre entièrement de LUI. Et par le CHRIST, DIEU se révèle à nous ; par sa vie et sa façon d’agir, c’est DIEU Lui-même qui est à l’œuvre. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua