Cette page d’évangile nous montre la difficulté des juifs à comprendre la relation de Jésus avec son Père. Pour eux, devant l’incompréhensible, il n’y a que ténèbres et mort : « veut-il donc se donner la mort ?»
Plus que tout, nous entrevoyons Jésus s’approcher de Jérusalem, refusant de juger la femme adultère condamnée à mort et dévoilant le centre de sa vie : son Père
Les juifs cherchent à le livrer car Il dérange. Fermés sur eux-mêmes, ils ont peine à comprendre les propos de Jésus. Ils sont incapables de venir à Jésus car leur quête a pour boussole le légalisme. Pourtant Jésus leur donne l’unique clé de lecture qui mène à la vie : le reconnaître comme « je suis ». Il fait référence à l’apparition de Dieu à Moïse dans le Buisson Ardent lorsque Dieu se manifesta pour libérer son peuple de l’esclavage. Mais il semble qu’ils ne parviennent pas à le regarder comme un vivant en relation avec son Père car le centre de leur raisonnement réside dans leur projet d’élimination.
« Je suis », Jésus ne cesse de dire qu’il se reçoit d’un autre et qu’il donne sa vie pour les autres. Il prend auprès du Père ses actes, ses paroles, tout son être qui est La Parole. En cela, Jésus est décentrée, il reçoit sa vie et est tournée vers la vie pour nous libérer de nos esclavages, de ce qui nous entrave, nous enserre, nous angoisse.
Laissons le Buisson Ardent venir nous visiter dans notre vie et reconnaissons-le comme le Vivant, le Ressuscité.
Un commentaire
« TOI, QUI ES-TU ? »… « QUAND VOUS AUREZ ÉLEVÉ LE FILS DE L’HOMME, ALORS VOUS COMPRENDREZ QUE MOI, JE SUIS » (Jn 8, 21-30). Connaître DIEU, c’est s’approcher du mystère, en brisant les barrières de l’indifférence et de l’ignorance. La connaissance nous amène peu à peu à reconnaître, à faire corps et à constituer une seule unité. Or, la connaissance peut aussi nous laisser dans l’indifférence, si la chose à connaître n’est pas accueillie pour ce qu’elle est réellement, c’est-à-dire, en la laissant se manifester à nous dans son identité propre. Beaucoup veulent connaître DIEU, mais sans attendre qu’IL se révèle à eux. Ils sont nombreux qui désirent s’approcher de ce grand mystère, mais juste par curiosité, et non pas pour apprécier son importance dans notre vie. Plus on connaît DIEU, plus on se fait proche de LUI, plus aussi on découvre nos limites et combien notre besoin de LUI est grand. Car, IL est CELUI par qui chacun de nous reçoit son identité. Auquel cas, sa gloire pourrait se révéler à nous, qu’elle nous laisserait toujours indifférents. DIEU s’est révélé de multiples manières : dans le petit enfant de la mangeoire, en partageant sa vie avec les pécheurs, les malades, les abandonnés, mais aussi en acceptant la mort sur une croix. Mais, ce n’est qu’après le mystère de la croix, que l’Homme déclare que le CHRIST est réellement Fils de DIEU. Si la croix nous révèle DIEU, c’est parce que DIEU se dissimule dans la pauvreté et l’humilité, dans le service et l’obéissance, dans l’abaissement et la négation de soi. Mais, c’est aussi par l’acceptation de la croix, que DIEU nous montre combien IL nous aime. Car, il faut réellement de l’amour pour accepter prendre les coups à la place d’un autre, porter sur soi la souffrance d’un autre. Il faut qu’IL ait de l’amour pour l’Homme, pour que DIEU consente à une telle humiliation. Mais, peut-être fallait-il qu’il en soit ainsi, pour que l’Homme comprenne la notion du sacrifice, qui s’oppose à l’indifférence. Et ce n’est qu’après avoir élevé DIEU sur la croix, que l’Homme comprend que tous les problèmes n’ont pas toujours pour solutions la vengeance, la violence, la haine. Mais, qu’il est possible de répondre à tout cela par des gestes d’amour, de pardon, de paix. Et c’est cela que nous révèle la croix du CHRIST. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua