La garde du Nom
La question de l’unité des disciples se pose justement au moment où Jésus annonce, révèle son départ du monde vers le Père.
Le groupe des Douze, soudés autour de la personne du Maître, conservera-t-il sa cohésion, dans l’épreuve de l’absence ? C’est là que se dit le sens de l’identité commune : elle tient dans le fondement de l’unité des disciples.
Or, le fondement n’est pas la présence de Jésus, mais la garde du Nom : « Père saint, garde mes disciples dans ton Nom que tu m’as donné (…) Quand j’étais avec eux, je les gardais dans ton Nom que tu m’as donné ».
C’est par le don du Nom, que le Père fait au Fils, qu’Ils demeurent l’un et l’autre dans l’unité. C’est en recevant de Jésus le Nom du Père, sous le signe du don de la parole (« Moi, je leur ai donné ta parole »), que les disciples marcheront vers l’unité.
La prière de Jésus se fait instante : dans le mouvement de son départ vers le Père, il se révèle l’intercesseur. Car le risque de dispersion et d’éclatement de la communauté des disciples s’avère toujours possible.
La « garde du Nom » prend l’allure d’une mise en garde ! L’ensemble des disciples a été « gardé », mais l’un d’entre eux s’est « perdu » : « J’ai veillé sur eux, et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte… ». Il y a une perte, une déchirure réelle, cruelle, mordante ! L’unité de la communauté des disciples ne peut s’entendre désormais sans la prise en compte de cette perdition qui n’annule pas la communion de tous.
La communauté ne pourra se fonder sur l’illusion de sa totalité inentamée, de son autosuffisance souveraine : la communauté se rassemble alors, sous la garde du Nom, autour de ce manque, de cette faille qui lui donne, justement d’en appeler à un Autre, pour fonder son unité.
« Je parle ainsi dans le monde pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés ».
Jésus réoriente ses disciples du besoin de sa présence à la joie d’un désir, d’une demande ardente, d’être-ensemble tournés vers le don du Père.
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