« La conversion du regard »
En quatre versets, Luc nous montre trois attitudes de regard ou de relation, dont deux sont décriées par Jésus : deux aveugles ensemble (relation de même à même, de fusion), le maître et le disciple (relation inégale soit, mais dans l’échange et la transmission), deux frères (dans une relation en miroir, regard de comparaison, de jugement ou de jalousie).
La voie à prendre semble être celle du milieu car « une fois bien formé, chacun sera comme son maître » (v.40). Dans cet exemple, le disciple est regardé dans une relation qui le projette, qui le rend autonome et le libère de toute emprise. Il est disciple en croissance, en devenir. Son maître ne s’arrête pas aux apparences, il le devance, il met sa vie devant lui, loin devant lui, dans un regard clairvoyant, lucide, qui aime et qui espère.
« Plus des trois quart de nos vies passent en somnambule. Nous serrons des mains, nous donnons nos yeux à des lueurs de toutes sortes, et en vérité nous ne voyons rien. Les soucis et les projets sont des paravents devant lesquels nous passons. Nous les longeons, distraits par leurs dessins. La vie est derrière eux. » Christian Bobin (Une reine perdue, Le Monde des Religions, Juillet-Août 2015, p.82)
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