Aujourd’hui, l’Evangile nous offre un petit manuel de pastorale. Il commence par nous faire remarquer que la moisson est grande ! Réjouissons-nous donc. La terre, notre terre donne du fruit ! Ne prêtons pas trop l’oreille aux prophètes de malheurs, ne nous laissons pas aveugler par ce qui fait la sensation des informations.
Devant cette abondance, Jésus ne lance pas un appel aux volontaires. L’homme n’aura pas à se prévaloir de sa générosité. C’est le Maître qui choisit qui il veut.
Jésus n’a pas prévu l’abondance des moissonneurs : ils sont peu nombreux. Et il ne leur demande pas de prendre des moyens efficaces. Il leur demande de partir en pauvres : ni besace, ni bâton, ni campagne publicitaire, ni « politique du sourire pour gagner les cœurs à peu de frais » Le succès n’est d’ailleurs pas assuré dans l’immédiat, au contraire. « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». L’envoyé risque sa vie ou au moins, il doit s’attendre à de sérieuses difficultés. Inutile d’insister lourdement ou avec maladresse. Il suffit de formuler bien simplement le message, la Bonne Nouvelle. Celle-ci est d’ailleurs réduite à sa plus simple expression : six paroles seulement. « Le règne de Dieu est tout proche de vous ». « Pas de catéchèse compliquée, pas ou peu de morale, et surtout ni prix d’excellence pour les uns, ni mise en accusation des autres. »
Le Royaume de Jésus a sa propre puissance. Il suffit de s’y disposer, se dépouiller afin que rien ne l’empêche de se déployer.
La moisson ne dépend pas de nous. C’est le maître qui gère et les années glorieuses et celles qui semblent des années de crises et « qui ne sont peut-être que des années d’approfondissement, de maturation, un temps d’hiver, quand la nature semble dormir, mais ne fait que préparer un nouveau printemps, plus radieux encore » [1].
Que tout se passe à la mesure de notre prière, car elle nous est demandée, et de notre foi.
[1] A. Louf, La liturgie du cœur, Savaltor, 2018
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