Voilà encore un homme qui veut faire ce qu’il faut pour obtenir en héritage la vie éternelle. Tout comme l’homme riche (Matthieu 19, 16-22) que nous entendions il y a quelques semaines, la question du légiste se situe dans l’ordre du mérite, du donnant-donnant.
Mais, la vie éternelle ne s’obtient pas au bout de l’accomplissement de la loi. Aimer le Seigneur de tout son cœur et aimer son prochain comme soi-même conduit simplement à vivre plutôt qu’à mourir. Et cela se comprend bien puisque la loi est simplement le garant de la vie en société.
Mais, il ne suffit pas de lire la loi pour l’accomplir … Il faut l’interpréter ! C’est ce que fait Jésus devant nous en réponse à la question du légiste : « Et qui est mon prochain ? ». La réponse de Jésus fait éclater le carcan de la loi, pour donner libre cours à la créativité de la charité. Le Samaritain de la parabole déploie une série d’activités : il est d’abord saisi de compassion, puis il soigne et porte le blessé, il le conduit, paie pour lui et le confie aux soins de l’aubergiste …
Quelle magnifique invitation à oser déployer toutes les harmoniques de la charité dans notre vie, bien au-delà de la loi ! Car la créativité de l’amour semble bien être l’unique chemin de la liberté des enfants de l’Evangile qui conduit à la vie éternelle …
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« ET QUI EST MON PROCHAIN ? »… « CELUI QUI A FAIT PREUVE DE PITIÉ ENVERS LUI. » JÉSUS LUI DIT : « VA, ET TOI AUSSI, FAIS DE MÊME » (Lc 10, 25-37). À la question de savoir ce qu’il doit faire pour avoir part à la vie éternelle, le docteur de la loi reçoit simplement du CHRIST l’expérience du samaritain face à l’homme tombé sur des bandits, dépouillé, roué de coups et laissé mort. La vie éternelle n’a rien d’une ascension sociale, ni d’un mérite personnel, encore moins d’une série de préceptes vécus et respectés à la lettre, sous peine de sanctions. Elle se dessine chaque jour pour nous, dans la mesure où nous sortons de l’indifférence, de l’incrédulité et de l’égoïsme, pour nous ouvrir aux autres. Très souvent, nous croyons obtenir de grandes choses en posant des actes extraordinaires. Mais, l’expérience du bon samaritain, au milieu de l’indifférence ou encore du légalisme du prêtre et du Levi, nous rappelle que la vie éternelle s’obtient dans la pratique ordinaire des actes d’humilité, de simplicité, de charité, de compassion et d’attention. Notre éducation tout comme notre formation religieuse ou spirituelle peuvent devenir un obstacle qui empêche la spontanéité de la foi et du cœur. L’horizon de la vie éternelle nous dispose à une foi en actes et à une charité inventive, qui ne sont pas condamnées dans des schémas clos. Aimer c’est disposer le cœur à agir à tout moment, en faveur du bien. Croire c’est rester ouvert à l’appel divin ; lequel appel résonne aussi à travers le pauvre sur le chemin, l’homme roué de coups et laissé à moitié mort. Nous ne pouvons pas prétendre aimer ou croire en DIEU que nous ne voyons pas, si nous n’apprenons pas à voir en chacun des nôtres un prochain, le vulnérable laissé sur le chemin ou le Lazare qui se tient à notre porte. La foi nous motive donc à agir, afin de relever ceux qui peinent, ouvrir des voies d’espérance à ceux qui vivent dans le désespoir. Par la foi, l’Homme apprend donc à voir en l’autre un prochain et non un ennemi, le vulnérable et non un adversaire. Et l’action de l’Homme, à l’exemple du bon samaritain commence et se prolonge jusqu’au moment où l’autre devient capable d’œuvrer par soi-même. Car, la charité est un parcours qui va de la dépendance à l’indépendance, de l’assistanat à la libération. La vraie compassion est celle qui rend l’Homme pour agir par soi-même. Bon début de semaine de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
« MAÎTRE, QUE DOIS-JE FAIRE POUR AVOIR EN HERITAGE LA VIE ÉTERNELLE ? » … « QUI EST MON PROCHAIN ? » (Lc 10, 25-37). Nous pouvons nous côtoyer, c’est-à-dire vivre les uns à côté des autres, mais sans avoir aucun rapport vrai ni aucune relation fondée. Nous pouvons être proches, mais être en même temps les plus éloignés et les plus distants les uns des autres. Car, la proximité ne commence que dans une action concrète, qui brise les distances et l’éloignement. À la question du docteur de la Loi, de savoir qu’est-ce qu’il doit faire pour avoir part à la vie éternelle, DIEU ne prescrit pas un code de lois à respecter, mais le renvoie à la réalité du commandement de l’amour. Et cette réalité tient compte de la qualité de mon rapport au prochain. Mais, qui est mon prochain ? L’amour ne commence que dans une relation à deux ou plusieurs, qui se vit dans des actes concrets. Ainsi, le prochain est celui avec qui on fait l’expérience d’une charité vraie. La présence de l’autre résonne en moi comme un appel. C’est pourquoi la proximité ne commence que quand il y a action ou réaction positive devant l’appel. La proximité c’est le geste qui redonne vie, qui suscite l’espérance. C’est combler le vide d’une souffrance ou d’une détresse, d’un manque d’amour. Je ne découvre la présence de l’autre que quand je fais silence en moi, pour l’écouter, être attentif à lui. Or, l’écoute implique le dialogue, la compréhension, mais aussi et surtout, la flexibilité. Être flexible pour se laisser toucher par la vulnérabilité de l’autre, mais aussi pour être capable d’aimer à nouveau, de pardonner, d’ouvrir son cœur et ses bras pour accueillir, prendre soin, panser les blessures. L’héritage de la vie éternelle se joue dans la qualité de notre rapport au prochain, car, il reste la voie par laquelle s’ouvrent les portes de la vie. C’est aussi le signe que l’Homme ne peut prétendre se sauver seul, en opprimant les autres. Mais, il ne parviendra à ses fins, qu’en construisant des ponts de charité, de justice et d’amour entre tous. Bon dimanche de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua