Deux maîtres
« Chemin faisant, Jésus entra dans un village » (v.38).
L’évangile lucanien qui est celui du chemin et en particulier de la montée vers Jérusalem, nous montre dans ce court récit de l’hospitalité de Marthe, Jésus qui s’arrête, prenant une pause dans sa mission, celle de son offrande sur la Croix. Car tel est son but.
Ce qui intéresse Jésus, prophète, rabbi et Messie, c’est d’enseigner et de guérir les personnes qu’il rencontre, leur révéler qui il est, et d’annoncer le Royaume jusqu’au bout.
Il n’est pas mentionné que Jésus est un intime de la famille, ni que l’invitation était programmée, ni le nom du village. Le lecteur s’imagine bien Jésus marchant et s’arrêtant parce qu’une porte s’est entrouverte pour lui. Il entre.
Ce qui préoccupe Marthe, c’est le service, l’accueil « oriental » et ses salamalecs. Dans sa culture, les signes moindres d’hospitalité sont d’embrasser, de laver les mains ou les pieds du visiteur, d’oindre sa tête et ses mains par l’huile d’olive. De plus, accueillir un rabbin est considéré comme un immense honneur. Il y a le verre d’eau, le café, les douceurs, le repas. Sa priorité est l’hospitalité formelle, et tout dans l’agitation de ses gestes et les récriminations contre sa sœur nous la présente en extériorité.
Ce qui fait asseoir Marie, aux pieds de Jésus, c’est l’accueil profond et intérieur qu’elle réserve à celui qu’elle reconnaît (de fait) comme Verbe de Dieu, assise dans une position de respect, écoutant dans la position humble du disciple. Elle symbolise l’orante, dans son service de l’hospitalité profonde, faire entrer Jésus dans son cœur. « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur » (Dt 8,3 ; Lc 4,4).
Oui, Jésus est entré, mais en présence de Marthe, il était seul. Tandis qu’avec Marie, il vit pleinement la réciprocité de l’hospitalité lui avec elle et elle avec lui : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20).
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« MARTHE, TU TE DONNES DU SOUCI ET TU T’AGITES POUR BIEN DES CHOSES. UNE SEULE EST NÉCESSAIRE. MARIE A CHOISI LA MEILLEURE PART, ELLE NE LUI SERA PAS ENLEVÉE » (Lc 10, 38-42). Même si sa sœur Marthe peut se lamenter contre elle de sa paresse ou de son refus de l’aider à faire le service, Marie a tout de même choisi ce qui manque à son cœur, ce qui fait sa joie, ce qui renoue en elle l’espérance, la meilleure part. Mais la question est de savoir si nous aussi, nous savons au moins quelle est notre meilleure part, c’est-à-dire ce qui fait la joie de notre cœur, ce pour quoi nous sommes prêts à tout quitter, lutter pour ne pas perdre, ce qui ne doit pas nous être enlevé ? Marthe et Marie sont dans une dynamique de bien : contemplation et action. L’une s’efforce d’offrir le meilleur le service à DIEU, tandis que l’autre se nourrit à la source de la Vie, car les occasions comme celle-là pourront ne plus jamais se représenter. Toutes ont le cœur et le regard tournés vers DIEU ; l’une offre, tandis que l’autre reçoit ; l’une trouve sa joie dans ce qu’elle reçoit, tandis que l’autre trouve sa joie à donner. Au moins elles prêchent par la disponibilité, l’engagement, le service, et non par l’indifférence ou la fermeture sur soi. Il est encore mieux d’avoir des frères qui se concurrencent dans le bien, qui luttent chacun pour offrir le meilleur service, pour faire ce qui plaît à DIEU, que d’avoir des frères et sœurs divisées, qui s’excluent les uns les autres, indifférents envers DIEU et envers eux-mêmes. Si tous, nous avions le regard et le cœur tendus vers DIEU pour lui offrir ce que nous avons de meilleur, il y aurait certainement moins de tensions et de conflits dans les communautés et les familles. Car, là où il y a rivalité dans le sens du bien, de l’amour et de l’engagement fidèle et sincère, il y a aussi moins de tensions, de guerres, de violences, de haines et de trahisons. C’est quand le cœur commence à nourrir les pensées de jalousie et d’envies envers ce que font les autres, que les portes de violence, de haine et de conflits, s’ouvrent. Par contre, c’est en rivalisant de zèle dans l’amour, le développement et la croissance, que les communautés humaines parviennent à s’épanouir et à devenir indépendantes. Et lorsque nous gardons le regard et le cœur fixés sur DIEU, LUI aussi fait tout pour contribuer à notre bien. Et la meilleure part qu’IL nous concède, même les forces du Mal n’auront aucune emprise sur elle. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
MARTHE LE REÇUT … MARIE, S’ÉTANT ASSISE AUX PIEDS DU SEIGNEUR, ÉCOUTAIT SA PAROLE… MARTHE, ÉTAIT ACCAPARÉE PAR LES MULTIPLES OCCUPATIONS DU SERVICE … UNE SEULE CHOSE EST NECESSAIRE (Lc 10, 38-42). Recevoir, écouter, servir, tout ceci rentre dans l’ordre de l’hospitalité. C’est la règle d’ouverture et de l’accueil, qui consiste à recevoir un hôte ou même un pauvre, un démuni, afin de lui offrir le minimum nécessaire pour se refaire des forces et continuer son chemin. Chacun a droit à l’hospitalité, car chaque homme est à la fois le vulnérable, le pèlerin, mais aussi l’hôte de quelqu’un d’autre. JÉSUS entre dans une maison et chacun des membres s’attelle subitement selon ce qui lui est le plus commode de faire : Marthe le reçoit et s’empresse de faire le service, tandis que Marie, assise aux pieds du SEIGNEUR, s’abreuve à la source de la connaissance, des mystères divins et de la foi. Accueillir ce n’est pas seulement offrir le service, mais aussi se laisser éduquer, façonner et instruire de l’intérieur par celui que nous accueillons, surtout quand il s’agit de DIEU en personne. L’unique chose nécessaire se fonde donc sur ce que nous avons à recevoir ou à offrir. Pour certains que nous accueillons, il s’agit de se mettre en tenue de serviteur, mais pour d’autres, en attitude de disciple ; et chacun sait ce qui lui manque ou encore ce qu’il a reçu comme don et qu’il doit mettre à disposition des autres. Une seule chose est nécessaire, en fonction de l’étranger que nous avons devant nous. Mais, l’hospitalité reste la règle d’or, qui établit le vrai rapport entre les personnes. Car, c’est par là que l’Homme développe une charité bien ordonnée, qui tient compte de l’étranger. Car, aider, c’est offrir l’essentiel qui permette à l’autre de sortir de l’état de mendicité, pour retrouver sa vraie dignité. Et sans dénigrer ou même nier la peine de Marthe, JÉSUS lui rappelle que Marie a choisi la meilleure part ; probablement, parce que Marie avait besoin de cette nourriture spirituelle qui manque à son âme, pour être plus sereine. C’était aussi peut-être l’occasion de rappeler à Marthe, comme à chacun de nous, que s’agiter pour tant de choses, au lieu de repartir de l’essentiel, nous fait courir le risque de manquer à l’essentiel qui fait la vie, la joie, mais aussi le Salut de l’Homme. Bon dimanche de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
Tout ceci exprime l’amour au delà de tout, l’écoute de la parole de Dieu s’avère très capital dans notre quotidien, sachons faire la meilleure part des choses, demandons au seigneur de nous aider à discerner ce qui est bien pour nous.
Merci !