L’épisode de ce jour pointe encore l’échec de la communication entre Jésus et certains de ses auditeurs, alors même qu’il vient de la rendre possible pour un sourd-muet. La foule admire. On la sait versatile. Et comme en Genèse, un serpent pervers instille le doute.
Certains parmi cette foule font tout pour s’accrocher à ce qu’ils prétendent savoir et s’agrippent à leur autorité pour l’opposer à celle par laquelle Jésus chasse les démons. Ils accusent : c’est par Beelzéboul, le prince des démons, que Jésus opère. Beelzéboul, dont l’étymologie peut signifier ‘maître de maison’ et ‘le seigneur des mouches’- est toujours là pour faire échouer les meilleures initiatives, compromettre, détruire. Ce diviseur disperse. Il est celui qui, par sa ruse mensongère, est à l’origine de la rupture dramatique de la relation de l’homme avec Dieu, de l’éclatement de sa relation à l’autre et de son éparpillement intérieur.
Or, la vie est essentiellement relationnelle et l’homme, être de parole, est appelé à s’exprimer et se connaître par et dans la Parole. C’est dans Celle-ci que se noue toute relation. Mais en rendant l’homme étranger à Dieu, le diable qui bourdonne dans sa tête comme un essaim de mouches, l’a aliéné de lui-même : l’homme ne se connait plus et ne peut plus ni se dire ni se donner en vérité.
Jésus commence par manifester la contradiction présente dans le raisonnement des opposants. « Un royaume divisé » ne peut que courir à sa perte !
Mais si le diviseur est fort, un plus fort peut recréer les liens par le « doigt de Dieu » ! Le principe même de la vie repose sur Lui.
Alors, Il ne s’agit plus que d’être avec Jésus car il maintiendra jusqu’au bout ce principe de vie, il l’offrira envers et contre tout, à tous et pour tous. Être avec lui, aujourd’hui, être des femmes et des hommes qui se risqueront dans l’existence avec comme seule force le fait d’être simplement et passionnément avec Lui.
Un commentaire
TOUT ROYAUME DIVISÉ CONTRE LUI-MÊME DEVIENT DÉSERT … CELUI QUI N’EST PAS AVEC MOI EST CONTRE MOI ; CELUI QUI NE RASSEMBLE PAS AVEC MOI DISPERSE (Lc 11, 14-23). DIEU pose un miracle et le démon qui rendait l’homme muet est expulsé et de nouveau il peut parler, communiquer, s’exprimer, rétablir le contact avec le langage. Or, malgré ce miracle, les ennemis du bien trouvent toujours à redire, au lieu de rendre grâce à DIEU qui a visité son peuple. Là où le Bien agit, la malice de l’homme voit plutôt l’action du malin. Pourtant, on ne peut pas combattre le mal par le mal, mais bien plus, par le bien. C’est l’amour qui lutte pour préserver l’amour et c’est par sa constance dans le bien que l’Homme maintient l’unité avec soi et avec le Bien par excellence qui DIEU. Dès lors, toute division interne est source de fragilité et inversement, l’unité est une arme forte pour bloquer tout esprit de division. Lorsque le cœur manque de cohérence avec l’esprit, lorsque l’âme se laisse corrompre par le mal, l’Homme est exposé à la douleur et à la perdition. Mais, la véritable action prend sa source en DIEU, car IL est l’auteur de toute perfection. Et l’Homme qui veut apprendre à aimer, à construire l’unité, à bâtir un avenir meilleur et fraternel, doit donc s’appuyer sur le SEIGNEUR, se mettre à son école. Car, celui qui ne rassemble pas avec LUI et comme LUI, disperse et s’oppose à LUI. Toutefois, être avec DIEU n’est pas simplement une option, mais un choix libre de vie, le désir de construire l’unité avec soi-même, travailler pour plus de sérénité, de foi et de courage, pour affronter les épreuves de notre vie. Être avec DIEU c’est être uni à l’Amour et à la Justice, choisir d’être dans la lumière, pour combattre les ténèbres. C’est travailler sans cesse pour que le Bien triomphe dans le monde. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua