« Au Nom du Père »
« Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. » (v.23). Alors que les foules, témoins de l’exorcisme d’un démon muet et voyant l’un d’entre eux libéré, s’émerveillent ; quelques opposants à Jésus l’accusent de chasser les démons au nom du chef des démons (v.15), tandis que d’autres réclament un signe venant du ciel (v.16).
Obsédés et aveuglés par le monde du bas (celui des démons) ou par le monde du haut (celui des divinités), ils réduisent la terre en un lieu de combat, sans y voir le frère gracié et sauvé. Ils se coupent de la vie, du lieu même de l’Incarnation dans lequel la personne de Jésus balayant la vision mythique d’un monde coupé en trois parts, vient habiter tout l’espace bon créé par Dieu pour le guérir, le sauver, l’unifier.
Jésus est venu visiter les Enfers jusqu’aux cieux, faisant de la terre non plus un lieu de combat, mais un espace de réconciliation, de compassion, de communion, et de miséricorde, une maison propre, balayée et rangée, habitée par sa présence et sa force de guérison « le doigt de Dieu » (v.20), un des symboles de l’Esprit Saint. .
Et heureusement, cette Bonne nouvelle du Salut, n’est pas seulement l’apanage des disciples, d’autres reconnaissent Jésus comme l’Envoyé du Père et Visage de sa bonté ; quand, par exemple, à deux chapitres précédant l’évangile de ce jour, les disciples inquiets interrogent Jésus sur le sort à réserver à celui qui ne les suit pas, mais qui guérit en son nom ; et Jésus de les rassurer : « Ne l’empêchez pas, car celui qui n’est pas contre vous est pour vous. » (Lc 9,50).
Il y a Jésus, son Esprit et aussi des missionnaires de sa miséricorde, tous agissant au Nom du Père… nous confirmant que : « oui, le règne de Dieu est venu jusqu’à nous ! » (v.20). À nous de lui faire place, en ce monde et dans nos cœurs.
Un commentaire
« TOUT ROYAUME DIVISÉ CONTRE LUI-MÊME DEVIENT DÉSERT … SI C’EST PAR LE DOIGT DE DIEU QUE J’EXPULSE LES DÉMONS, C’EST DONC QUE LE RÈGNE DE DIEU EST VENU JUSQU’À VOUS » (Lc 11, 15-26). On reconnaît un arbre à ses fruits, et l’arbre ne produit que ce qu’il est destiné à produire. Car, il s’agit d’une unité intrinsèque et essentielle qui ne peut être corrompue ni falsifiée. Car, si l’arbre perd de son essence, s’il est corrompu de l’intérieur, son fruit aussi en sera corrompu. L’unité est la concordance interne des éléments entre eux ; c’est la capacité des personnes à parler le même langage, la facilité à établir des rapports entre différents membres. Donc, l’unité n’est pas d’abord à chercher dans des éléments extérieurs ou encore chercher à forcer ce qui par soi, ne coïncide pas. Si JÉSUS Fils de DIEU expulse les démons, c’est la preuve de son unité avec DIEU, c’est le signe qu’ILS parlent le même langage, qu’il existe entre eux une relation aussi forte que rien ne peut ébranler. Or, l’unité avec les autres n’est pas possible si l’Homme en soi-même est déjà divisé, s’il est tout le temps en conflit avec lui-même. Ainsi, l’unité des membres commence par l’unité du corps avec soi-même, que l’humain et le spirituel parlent le même langage, pour éviter un homme remplit au-dehors, mais désert et vide au-dedans. Les apparences sont parfois trompeuses surtout quand nous nous trompons nous-mêmes et que nous cherchons à plaire au monde, à donner un visage et une image de nous, mais qui est loin de la réalité. Ainsi, le paraître divise l’être, quand l’essence et le spirituel ne communique pas, quand la raison et la foi sont en désaccord, quand le cœur et les lèvres se mentent réciproquement, quand nous étouffons la voix du divin en nous, pour laisser parler celle du mal, des passions égoïstes et désordonnées. Un royaume est synonyme de richesse, et le premier royaume de l’Homme c’est l’Homme lui-même, c’est l’ensemble des richesses de son corps, de ses pensées, de sa foi et de son intelligence. Or, si tout cela n’est pas en harmonie, nous serons toujours en conflit avec nous-mêmes ; et ce conflit se reflète au dehors. L’harmonisation du cœur et des lèvres, de la foi et de la raison, de l’esprit et de la matière, permet à chacun de dégager et libérer des ondes positives. Et ce sont ces ondes qui contribuent à construire des royaumes, à unir les communautés et à instaurer l’harmonie dans les familles et les relations. Puissent nos prières s’orienter dans ce sens. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua