« C’est par Béelzéboul, le prince des démons, qu’il expulse les démons » (Lc 11, 15).
Étonnant raisonnement !
Où nous situons-nous à l’écoute de ce passage d’Evangile ? Au dehors, regardant avec réprobation les gens de la foule incapables de discerner « le doigt de Dieu » dans le geste de Jésus faisant advenir à la parole cet homme possédé ? Ce raisonnement tronqué qui attribue au prince des démons ce qui se manifeste par la force de l’Esprit, n’est-il jamais le nôtre ? Un homme retrouve la santé, pourquoi ne pas se réjouir ? Sans doute est-ce subtilement que le danger nous guette, lorsque le « mauvais esprit » (v.26) détourne notre regard de l’essentiel, les fruits qui se donnent à voir (« le muet parla » v. 14 ; « Tout arbre bon produit de bons fruits » Mt 7,17), pour entretenir en nous des raisonnements stériles, voire mortifères. Appel à la vigilance donc, au discernement continuel sur ce qui est à écouter, accueillir (« les signes du Royaume de Dieu arrivé jusqu’à nous » v.20) et ce qui est à écarter, à faire taire en nous (« rendre muet »).
Alors, l’invitation de Jésus (« Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dissipe » v 23) n’est pas « exclusive » mais elle élargit le cercle de celles et ceux qui sont pour lui « un frère, une sœur, une mère » (Mt 12, 50).
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