Atteints du « Syndrome de Jonas » ?
« Certains, pour le mettre à l’épreuve, réclamaient un signe venant du ciel » (Luc 11,16).
Serions-nous, nous aussi, atteints du « Syndrome de Jonas » (Pape François) ? C’est-à-dire rétifs au déplacement : parce que nous risquons de rester prisonniers d’une croyance fermée sur elle-même, à laquelle nous adhérons de manière si crispée qu’elle nous empêche de voir la réalité telle qu’elle se présente et de lire les « signes » qui se donnent…
Ainsi fonctionne toute forme de fanatisme : il n’y a ni valeur, ni personne que l’on puisse placer au-dessus de la norme que l’on brandit dans une prétention de supériorité morale qui obstrue les yeux et les oreilles et rend impropre au discernement…
Jésus, lui, est celui qui voit les « signes » et garde les yeux ouverts, les yeux de la compassion ouverts sur la réalité des hommes et des femmes qui croisent son chemin. Jésus est celui qui donne de voir : il est le Maître qui nous guérit de l’ignorance, nous relève de nos immobilismes, nous libère des illusions de la perfection des purs, des séparés.
En réalité, la parole qui nous fustige – « Génération mauvaise qui demande un signe ! » – nous réveille et nous arrache des particularismes dans lesquels nous figeons notre identité.
Jésus, lui, se présente bien en avant de ces identités exclusives : « Il y a ici plus que Salomon… Il y a ici bien plus que Jonas ». Il y a un « Je Suis » universel, une identité posée en elle-même, en relation avec le Dieu Père de tous et qui veut se communiquer à tous.
Ainsi, Jésus se rend présent à nous, chaque fois que nous faisons taire nos réquisitoires mentaux, chaque fois que nous habitons le moment présent, chaque fois que nous consentons à la réalité qui se donne, simple et ouverte.
Et tous les « signes » s’ouvrent pour nous en espace de reconnaissance et d’adoration.
Un commentaire
CETTE GÉNÉRATION EST UNE GÉNÉRATION MAUVAISE : ELLE CHERCHE UN SIGNE, MAIS… IL NE LUI SERA DONNÉ QUE LE SIGNE DE JONAS. CAR JONAS A ÉTÉ UN SIGNE POUR LES HABITANTS DE NINIVE (Lc 11, 29-32). Le signe n’est pas seulement un geste accompli ou un acte posé, pour justifier une identité, un statut social. Le signe est aussi parole ; c’est un langage qui contient en soi tout un enseignement et une signification et dont il convient d’être initié, pour en saisir le sens. JÉSUS prêche par les paroles, mais l’Homme veut des signes. IL enseigne la voie du silence et des épreuves, mais l’Homme veut des miracles et des preuves de la crédibilité de ses enseignements. Quand nous nous laissons prendre dans la logique du sensationnel, la Parole de DIEU ne pénètre plus les profondités de notre cœur. Ce qui est prioritaire pour les hommes, ne l’est pas forcément pour DIEU. Car, IL veut avant tout former le cœur, nourrir l’âme, délivrer l’Homme de l’ignorance, à travers ses enseignements de vérité. Les habitants de Ninive sombraient dans le péché, les racines du mal étaient profondes. Mais, DIEU a suscité Jonas comme prophète, pour exprimer sa colère contre son peuple, face aux péchés de Ninive. Or, là où le péché abonde, la grâce divine surabonde. Mais, il faut bien que l’Homme se convertisse, qu’il change son regard et son approche de la réalité. Car, elle est changeante et divergente. Pour les habitants de Ninive, l’opportunité s’est présentée, à travers la prière et la prédication de Jonas. Or, le CHRIST est bien plus que Jonas. IL prêche par les paroles, mais aussi par les gestes de réconfort. IL associe la parole au signe, l’enseignement au miracle ; sa vie est toute une école de croissance spirituelle et d’apprentissage. Le suivre, c’est apprendre à mourir à nous-mêmes, pour renaître en LUI. Car, le premier signe et le plus important, est sa propre personne. Le CHRIST est le signe de la présence de DIEU dans le monde, la manifestation de sa toute puissance. IL est aussi le signe de l’espérance des hommes, l’exemple de la persévérance dans les difficultés, la preuve de la vie après la mort, mais surtout la gloire de l’Homme debout, prêt à affronter la nouvelle semaine de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua