La force d’aimer
Patrick Piro, Avec les paysans du Burkina, 2017Lorsque l’on a été gâté par la vie, que l’on a reçu grâces, dons et talents et que l’on entend, comme une sentence : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage » (v.48), on est gênée d’avoir reçu, et nous sommes presque prêt à tout rendre …
Mais, dans la parabole de Jésus, il ne s’agit pas tant de notre avoir, que de la gestion de celui-ci, de l’attente, de se tenir prêts à tout rendre ou à tout partager ; et nul ne sait ni quand, ni comment.
Après avoir reçu et écouté la parole, quelle en est ma mise en pratique ? Il s’agit, ici, d’être et de rester en relation avec Jésus, avec l’Évangile. La parabole ne s’adresse pas d’abord aux nantis, mais aux disciples, aux ouvriers du Royaume. Et, quelle semence sont-ils appelés à faire grandir et fructifier ?
Jésus nous interpelle sur notre capacité à gérer des biens qui ne nous appartiennent pas, et cela nécessite détachement (nous n’engrangeons pas pour nous-mêmes, mais pour un Autre qui nous redemandera des comptes), responsabilité (nous avons à répondre de ses biens, de notre conduite et des autres qui nous sont confiés), et fidélité (c’est-à dire persévérance et amour du maître de la maison).
La finalité, ce me semble, pour l’intendant, ne consistera pas à rendre ou ne pas rendre quelque chose, mais il sera interpellé sur sa capacité à donner la vie autour de lui : « pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture » (v.42). Effectivement, au retour du maître, c’est la totalité de ses biens dont il jouira : « il l’établira sur tous ses biens » (v.44). Le maître ne lui reprendra rien mais lui donnera tout. Cela ressemble à l’amour… « Alors sans avoir rien que la force d’aimer, nous aurons dans nos mains, amis, le monde entier » (Jacques Brel, 1956).
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