Ce temps-ci, comment ne le discernez-vous pas ?
Nous sommes « habitués », dans l’Evangile de Matthieu du moins, d’entendre Jésus accuser ses interlocuteurs d’hypocrisie, dénonçant par-là l’écart entre le dire et le faire (Mt 15, 7 ; 23, 14), la recherche de vaine gloire (Mt 6, 2.5.16) ou l’intention malveillante de lui tendre un piège (Mt 22, 18).
Ici, en saint Luc, pourquoi mettre en rapport l’aptitude à déceler les signes annonciateurs « du temps » – fruit de la fidèle observation du cultivateur – et l’incapacité de la foule (v. 54) à discerner « ce temps-ci », celui où « Dieu a visité son peuple » (Lc 7, 16 ; 19, 44) ? Où est l’hypocrisie ? Voir les nuages se lever annonçant la pluie, sentir le vent du midi précurseur de chaleur ne relève-t-il pas de l’observation de signes ? Lors de l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem, la « multitude des disciples » louera Dieu « d’une voix forte pour tous les miracles (signes) qu’ils avaient vus », disant, « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » (Lc 19, 37-38). Certes, nous connaissons la versatilité de la foule, et Jésus la payera du prix fort, néanmoins, tout homme de bonne volonté possède en lui un lieu de discernement possible pour reconnaître en « je » (sortir de l’anonymat de la foule) les signes du passage de Dieu dans sa vie.
L’Evangile de ce jour, par l’invective de Jésus (« Hypocrites ! » v. 56), nous invite à grandir en liberté et responsabilité. S’il y a lieu de se soumettre aux Institutions humaines (ainsi de la Justice), libre à tout disciple du Christ de se faire « artisan de paix » en tentant « en chemin » d’en finir avec son adversaire, au nom de ce qui est discerné comme étant juste (v.57-59).
« La conscience est le centre le plus intime et le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » (Gaudium et Spes 16).
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