Courbée depuis dix-huit ans, la femme de l’Evangile ne peut plus regarder les autres de visage à visage, elle est coupée de ses relations, le regard tourné vers le sol, vers la terre, vers la mort… Il fallait que Quelqu’un la voie, la cherche du regard pour la sortir de son isolement. Sans quoi, elle serait restée tournée vers le néant, devenue étrangère au monde des humains.
Jésus la cherche, l’envisage et lui parle, il la redresse d’entre les oubliés, d’entre les exclus, d’entre ceux qui n’ont plus visage dans la société : le sans domicile fixe à côté duquel je passe en détournant le regard, le comateux que je considère comme un légume, le sans papier que je renvoie loin de ma vue, le malade réduit à sa pathologie ou à son numéro de chambre…
Mais comment puis-je croiser le regard de celui qui n’existe plus pour la société ? Comment Jésus fait-il ? Il s’abaisse, il descend plus bas que celui qu’il cherche, il l’envisage de bas en haut. Et pourquoi fait-il cela le jour du Sabbat ? Parce que ce n’est pas un travail, c’est l’être-même de Dieu que de chercher l’homme, de le désirer et de le mettre debout. C’est aussi notre nature humaine la plus profonde et divine que de regarder le visage de l’autre pour lui permettre d’exister !
Nos cœurs seront ils assez souples aujourd’hui pour envisager toutes nos relations de bas en haut ? Pour regarder les oubliés de notre monde et leur offrir une écoute, un sourire, une parole qui les fassent exister pour quelqu’un ?
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