« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite… »
Le nombre de fois dans nos vies où nous « passons » une porte !
Les portes, elles font partie de notre existence. Témoins de nos cheminements, nos engagements, nos relations, nos rencontres, nos départs et nos retours, nos ruptures et nos retrouvailles et tant d’autres choses, elles rythment nos vies en quelque sorte…
C’est chargée de tout ce symbolisme, qu’on peut aujourd’hui recevoir cette image familière de la bouche du Maître, comme quelque chose de profondément existentiel. Celui qui a le souci du « petit nombre de sauvés » (V.23) doit être surpris de la réponse. Comme souvent, Jésus déplace la question et la transforme en interpellation.
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite »(V.24)
Il s’agit d’un engagement personnel, d’un « passage », tel une naissance ou une renaissance (Jn 3), non par « une » porte, mais par « la » porte que Jésus qualifie d’« étroite » et il faut s’y « efforcer ». On peut même chercher à entrer et ne pas le pouvoir ! Et les versets suivants ne sont pas plus rassurants !
Surprenant, non ? Le salut ne serait-il donc pas gratuit ? Est-il le fruit de nos efforts ? C’est ce qui semble être dit, mais c’est l’effort de perdre, non de gagner. « Si quelqu’un ne renonce pas à tous ses biens et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple » a aussi dit Jésus. Un renoncement qui n’a de sens que si nous reconnaissons activement le Christ comme « le Bien Véritable » et le « Maître » de la vrai Vie.
« Il passait par villes et villages en enseignant et faisant route vers Jérusalem ». (V.22)
C’est donc bien « la porte » par laquelle lui-même passe pour nous donner la Vie, Sa Vie, qu’Il dépose comme son vêtement au dernier soir, pour laver les pieds des siens? Cette « porte étroite » serait alors la petite « porte de service », à franchir à la suite de l’Unique Serviteur, « Lui qui de condition divine… s’est dépouillé… » (Phil 2)
Cette « petite porte » est du bois des Béatitudes, celle des pauvres de cœurs à qui appartient le Royaume.
Seuls y passent « les enfants » et ceux qui leur ressemblent.
Approchons-nous de ces « petits » de notre monde, qui sont les frères et sœurs de Jésus, afin d’apprendre d’eux les secrets de la « porte étroite », celle qu’Il a traversée, l’ouvrant vers son Père et nôtre.
« Je suis la porte: si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé… » (Jean (TOB) 10)
Un commentaire
« SEIGNEUR, N’Y A-T-IL QUE PEU DE GENS QUI SOIENT SAUVÉS ? » JÉSUS LEUR DIT : « EFFORCEZ-VOUS D’ENTRER PAR LA PORTE ÉTROITE … IL Y A DES DERNIERS QUI SERONT PREMIERS, ET DES PREMIERS QUI SERONT DERNIERS (Lc 13, 22-30). Notre cheminement de foi à la suite du CHRIST ne consiste pas d’abord à chercher le nombre de personnes qui ont part au Salut, mais, bien plus à travailler à notre propre sanctification, car, le Salut est avant tout personnel, avant d’être communautaire. De fait, il est ouvert à tous, car, DIEU ne saurait fermer son cœur à ceux qui le cherchent avec foi, conviction et certitude. Ce qui l’importe, c’est que chacun ait part avec LUI dans son Royaume. Et si chacun travaille à son propre Salut, il n’y a pas de raison que ce Salut ne devienne communautaire. Car, c’est quand chacun s’engage à bien entretenir son espace et sa demeure, que toute la cité resplendit de clarté et de propreté. S’efforcer d’entrer par la porte étroite, c’est travailler à mériter le Salut qui nous est offert par DIEU. S’efforcer d’entrer par la porte étroite, c’est aussi travailler avant tout à son propre développement et épanouissement personnel et intérieur, se préoccuper de soi. Or, se préoccuper de soi, se soucier de soigner son caractère, travailler à être juste, œuvrer à sa propre conversion et sanctification, c’est aussi s’engager à ne pas être une occasion de chute pour les autres et pour la communauté, encore moins pour la société. Ce qui suppose aussi que notre réussite tout comme notre Salut ne reposent pas sur la somme des maux causés aux autres. Car, si la porte par laquelle nous devons entrer est étroite, c’est bien pour que nous puissions nous dépouiller du superflu, de tout ce qui appesantit le cœur, à savoir les soucis, les rancœurs, l’amertume, la haine, etc. Ainsi, ceux qui s’arrêtent à juger les autres au lieu de travailler à leur propre sanctification, risquent se retrouver derniers, quand les véritables pénitents et adorateurs du vrai DIEU se manifesteront à la lumière. À chacun son travail et son devoir. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua