Dès l’aube de son Evangile, St Luc nous plonge dans la course de la Parole qu’il développe tout au long des Actes des Apôtres l’ouvrant aux confins de la terre.
Nous même venons une nouvelle fois d’y entrer, comme brutalement au lendemain de la tempête de l’Esprit sur l’Eglise naissante et sur la nôtre aujourd’hui : c’est le temps dit « ordinaire ».
« L’ordinaire », c’est l’espace de l’Esprit, celui de la Mission ! En faisons-nous vraiment notre « ordinaire » ?
Et si la « Visitation » nous en ouvrait le chemin, nous en donnait les clefs, les fils de trame, les couleurs… Il suffirait déjà de contempler l’œuvre prodigieuse de Giacomo Pontormo, une parole qui n’a pas d’âge. Que dire alors de la Parole livrée en ce jour !
Tout ici est saisi comme dans le « bruit de fin silence » qu’Elie le prophète attendait depuis… , que Marie « ruminait en son cœur ».
Tout ici dit le déjà et le pas encore de Jésus mort et ressuscité, à l’aube de sa vie d’Homme cachée encore au sein d’une femme, vierge, que tout les âges diront bienheureuse d’avoir cru à l’impossible Parole.
Marie se lève, comme son enfant se lèvera des morts, dans la hâte des femmes au tombeau, habitée de l’incroyable Nouvelle, celle de l’Epouse du Cantique et de l’Eglise naissante sous le souffle de l’Esprit. Elle entre dans la maison du Testament Ancien, y verser le parfum du Nouveau, l’Evangile de la Paix chanté par les Anges à Bethléem, répandu par Jésus sur les Apôtres au soir de Pâques.
Elisabeth est de ces êtres qui « ont des oreilles pour entendre et qui entendent ». Le Souffle en elle « crie d’une voix forte » : Naissance Nouvelle ! De l’hospitalité à l’Esprit, dans la réciprocité de la foi au Dieu de l’impossible, la Vierge et la Stérile tressaillent d’allégresse au rythme de l’Emmanuel et de son Précurseur, cachés au creux de leur tendresse. Elles ne retiennent rien. La bénédiction, le bonheur, la louange éclatent, car la Parole s’accomplit de la Foi de l’une, de l’Espérance de l’autre et l’Amour du Seigneur « s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent ».
Apprendrons-nous de nos ancêtres dans la foi, à vivre la mission chrétienne comme hospitalité réciproque ? Dans la reconnaissance de l’œuvre de Dieu au plus creux de nos existences, se recevant du Tout Autre à travers nos altérités, offrirons-nous à l’Esprit l’espace où habiter le monde d’Amour et de Louange ?
« Nous sommes invités à être continuellement en état de Visitation, comme Marie auprès d’Elisabeth, pour magnifier le Seigneur de ce qu’Il accomplit en l’autre…et en moi ». (Christian de Chergé)
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