Des foules nombreuses suivent Jésus, comme un troupeau balloté et fluctuant. Mais Jésus interrompt brusquement cette marche pour appeler chacun à un choix personnel et radical : si quelqu’un vient à moi … sans haïr sa famille … et jusqu’à sa propre vie … il ne peut être mon disciple !
Le verbe est brutal ! Peut-être pour marquer le caractère tranchant du détachement … Jésus, ici, ne balaie-t-il pas d’un coup de main le commandement du décalogue, « honore ton père et ta mère » (Exode 20, 12) et aussi l’affirmation que Dieu est amour (1 Jean 4, 8) ?
Jésus ne nous appelle-t-il pas plutôt à détester ce qui dans nos relations familiales nous empêche d’aimer Dieu et notre prochain ? Les jeux de pouvoirs patriarcaux, les droits d’aînesse, les rapports de convenances et de tradition, les relations fusionnelles étouffantes, les silences de famille, les volets clos et les portes fermées pour préserver son petit bonheur ou cacher ses hontes … Nous savons aujourd’hui jusqu’où cela peut nous entraîner, à quels abus ces relations peuvent nous conduire, sous couvert d’amour biaisé et d’obéissance servile.
N’éteignons pourtant pas le caractère provoquant de ce verset. La condition de disciple appelle parfois, souvent même, à des arrachements violents pour permettre des attachements plus grands et plus nobles ! Si nous voulons être disciple de Jésus, lorsqu’il y a conflit entre deux légitimités, c’est la fidélité au Christ, à la Justice, au véritable Amour de Dieu et du prochain qui doivent l’emporter, jusqu’au renoncement à faire de nous-mêmes le but ultime de notre vie.
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