Luc 16, 1-8

© Diego Rivera le fils prodigue
© Diego Rivera le fils prodigue

« Rends compte de ta gestion, car tu ne peux plus gérer mes biens désormais » (v. 2b). Dans cette parabole, nous sommes confrontés à une situation critique entre le « toi » et le « moi »:

Elle nous fait penser à la parabole du Fils Prodigue :« Père, donne-moi la part de fortune qui me revient » (Lc 15, 12) dit le plus jeune. Il partit dans un pays lointain et y dissipa son bien. Mais, après avoir tout perdu, il décida de revenir vers son père.

Par un acte d’intelligence et par des initiatives relationnelles, l’intendant, en posture difficile, arrive à retourner la situation en reconquérant la confiance, en mobilisant autrement ce qu’il va perdre. « Je sais ce que je vais faire… » (v. 4). Il agit de façon avisée et il agit avec grande rapidité.

Pourtant,alors même qu’il soit désigné comme « malhonnête », le maître le loue !! Certains commentateurs ont cherché une explication à ce qui nous parait si surprenant.

Pour certains, cet intendant a su reconnaître les urgences et y a fait face avec détermination. Il s’est servi de son pouvoir provisoire pour se créer une sécurité durable.

Pour d’autres, il rétablit une certaine justice sociale et se fait des amis.

Aujourd’hui, cette parabole nous questionne. Nous sommes aujourd’hui les intendants du Royaume de Dieu : Dieu nous confie la terre et nous invite à la faire fructifier.Cette parabole invite chacun de nous à reconsidérer sa propre manière de faire et d’être. Comment travaillons-nous à ce que nos biens deviennent des dons et non des dus, des moyens et non une finalité ? Qu’est-ce qui est de l’ordre de l’essentiel pour notre vie? Sommes-nous des « esclaves » ou des fils, à l’image du Fils ?

Le Père nous a tout donné en son Fils. Ainsi, nous n’avons plus rien à Lui demander, ni à désirer des richesses ici-bas. Il est le trésor; « En Lui sont cachés les trésors de la Sagesse et de la science » (Col 2,3); Son Esprit fait de nous des enfants, des héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ (Rm 8, 17). Ainsi, nous pouvons l’entendre dire: « mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi » (Lc 15, 31).

4 commentaires

  1. LE MAÎTRE FIT L’ÉLOGE DE CE GÉRANT MALHONNETE CAR IL AVAIT AGI AVEC HABILETÉ ; EN EFFET, LES FILS DE CE MONDE SONT PLUS HABILES ENTRE EUX QUE LES FILS DE LA LUMIÈRE (Lc 16, 1-8). Une chose est d’avoir des talents et de l’habileté, une autre chose est de savoir s’en servir. L’intelligence est la capacité de savoir faire bon usage des dons, des biens et des talents que nous possédons. Or, viser les choses plus grandes et plus importantes, nous permet d’orienter nos actions, de faire preuve d’habileté de nos talents, de nos dons. Beaucoup de situations, et quelques fois tragiques, peuvent offrir des opportunités, pour un nouveau départ ; il suffit simplement de savoir comment s’y prendre. Le don est naturel, mais son exercice est une grande responsabilité et nécessite une grande intelligence, afin de pouvoir bénéficier de ses fruits. Le gérant malhonnête dont le Maître fait l’éloge, a été habile sur des biens matériels, afin d’assurer sa survie. Ou plus exactement, il doit son Salut à son habileté, en faisant un bon usage des richesses. Nul n’est propriétaire exclusif des biens destinés à tous. Avec des richesses éphémères, il s’est construit de véritables amitiés ; les biens de la terre lui ont servis d’appât, pour gagner les frères, ainsi que les amis. Or, cette habileté naît de la découverte de ses faiblesses, au moment où il faut rendre compte. Comme quoi, une situation de détresse peut être transformée à notre avantage et générer de nouvelles opportunités et ressources. Malgré son immoralité, l’acte du gérant habile lui a ouvert les portes du Salut, sans porter atteinte à la vie de personne. Il enfreint une règle sociale, pour sauver une vie humaine. Si DIEU donne toujours à l’Homme la grâce de se convertir et de revenir à lui, c’est pour que nous sachions saisir chaque opportunité comme chemin d’espérance et de Salut. Et notre habileté doit orienter nos actions vers ce chemin, en nous mettant aussi au service les uns des autres. Bonne journée de méditation et de travail
    Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua

  2. Merci beaucoup pour vos approches de ce texte d’évangile qui me questionne vraiment !
    Qui est qui ? dans l’esprit de Jésus quand il parle? Le riche serait donc Dieu ? et le mauvais gérant nous même ? Je n’avais jamais considérer Dieu comme un Riche ! Effectivement le simple regard sur mon jardin en fleur en cet automne si doux me fait entrevoir que tout lui appartient ! L’explosion des couleurs des feuilles et des fleurs fait en nous son chemin pour nous révéler que si nous restons près de Lui nous appartenons à ces fils de lumière qu’Il réclame près de Lui. Je suis assez loin des gestions d’argent et je vois qu’Il réserve une place à tout le monde, les pauvres comme les riches et même jusqu’aux gens pas très honnêtes qui peuvent trouver encore des chemins vers Son coeur si ils se reprennent habilement!
    IL EST VRAIMENT DIEU !

  3. A l’époque de Jésus, l’intendant n’était pas rémunéré ; il se dédommageait au dépens des débiteurs. En changeant le montant du reçu, l’intendant renonce à ses propres bénéfices. (Synopse des 4 évangiles, tome II commentaire de P. Boismard, Le Cerf, 1996)

  4. Je pense que ce gérant « dénoncé » comme malhonnête, s’est rendu très sympathique aux yeux de son maître, par son audace à continuer de tromper qui semble révéler, non seulement son sens des affaires mais, peut-être aussi, le très beau regard qu’il porte sur son maître, sur le Père, nous suggère la parabole. Un Père si heureux de voir ses fils dilapider ses biens pour s’entraider, s’aimer en frères, ouvrir leur coeur au Premier-né d’une multitude de frères. Un Père inimaginable, ce que l’auditoire de Jésus n’admet pas.

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