« Sous la table »
Le pauvre Lazare « aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche » (v.21).
Dans la parabole racontée par Jésus, le pauvre Lazare se contente de sa proximité avec l’homme riche, sans rien lui demander, ni lui exprimer. Mais il est dit au lecteur qu’il « aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ».
Sous la table et avec les chiens, est la place par excellence des petits et des oubliés ; c’est justement, l’endroit signalé par la Cananéenne : « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » (Mt 15,22).
Lieu des humbles, de ceux qui n’ont rien, ni privilège, ni droit … Lieu où l’on pourrait tout de même profiter de ce qui descend, se perd ou se gaspille.
Là, où la païenne a réussi à infléchir le cœur de Jésus, le riche s’est décidé trop tard et il n’a pas pu rencontrer en celui qui gisait à sa porte, le Christ lui-même. « Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé […] chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.» (Mt 25,42-43.45).
Le pauvre, abaissé jusque sous la table, est élevé comme fils d’Abraham au festin éternel. La parabole est rassurante pour Lazare, mais est cinglante pour le riche anonyme, sans nom aussi pour que chacun de nous puissions nous y reconnaître et reconnaître tous nos manquements à la charité fraternelle.
« […] un grand abîme a été établi entre vous et nous » (v.26).
L’abîme qui les sépare n’est autre que cet abîme d’indifférence qu’il est urgent de combler par le partage, le jeûne et la prière. Ainsi, en nous décentrant de nous-mêmes et retrouvant Dieu et le prochain, nous pourrons entrer dans ce chemin de bénédiction et de glorification du Père pour chacune de ces créatures : « Ne t’arrête point aux miettes qui tombent de la table de ton Père ! Lève-toi et glorifie-toi de ce qui fait ta gloire. » (Saint Jean de la Croix, Prière de l’âme énamourée).
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