Dans notre imaginaire, ou pire encore, dans notre mémoire des Écritures, les titres insérés par les éditeurs de nos bibles supplantent souvent, voire falsifient les récits eux-mêmes. Ainsi en est-il pour la parabole de ce jour dont le titre stigmatise à jamais le « mauvais riche » et le « pauvre Lazare ».
Pour éviter ce piège, laissons la scène se dérouler en deux temps. Celui qui « joue » Lazare, qu’il enfile ensuite les vêtements de l’homme riche. Car en chacun de nous, il y a et l’un et l’autre.
Pour autant, que l’exercice ne soit pas une échappatoire. Car, dans notre monde, il est bien des gouffres infranchissables entre les personnes dont nous portons la responsabilité.
Qui viendra nous en libérer ? Bonne question en ce temps de Carême.
Et de la bouche de Jésus, un chemin s’offre à nous : « Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent ! » (Lc 16, 29).
Oui, il faut la virulence de « paroles » prophétiques pour provoquer en nous le retournement qui nous fera reconnaître la pauvreté en nous et au milieu de nous.
A écouter le récit, l’homme riche est aussi cette part de nous-même qui n’a pas de nom, alors que le pauvre qui m’habite est nommé lui, mais je préfère le laisser au portail, au seuil. Que d’énergie déployée dans nos vies pour se cacher à soi, à l’autre, à Dieu, ce que nous sommes en vérité : un pauvre à sauver…. Là, nous nous rejoignons tous. Le reconnaître et se laisser sauver par le Christ est sans doute un commencement de fraternité.
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